Ce pourrait être le nom du dernier restaurant de sushis à la mode, celui qui ne veut pas s'appeler “Au palais du Ciel” ou “A la fleur de Jasmin”.
Non: le “Bunburyodo” n'a que peu de choses à voir avec la gastronomie japonaise. Mais avec le Japon certainement
Le Bunburyōdō est cette philosophie japonaise dérivée du bushido qui considère que le guerrier, l'homme de sabre, doit aussi être homme de pinceau (ou “de plume” en Occident) et inversement.
L’idéal étant qu’un individu maitrise les deux types de compétences, martiales et esthétiques : cela explique par exemple le rôle des “poèmes de mort”, devant être rédigé par tout samourai sur le point de se suicider rituellement par seppuku.
Cette vision du monde , si elle est exprimée par un mot japonais, n’est pas une spécificité culturelle du pays du Soleil-Levant : La tradition chevaleresque occidentale pose que le chevalier, soldat de Dieu, doit se mettre au service des plus humbles et, pour tendre vers cet objectif, s’améliorer perpetuellement sur le plan physique, intellectual et moral.
Recueil destiné aux personnes qui cultivent les différentes branches de l’art militaire (Kitâb al-makhzûn li-arbâb al-funûn fî-l-furûsiyya wa la’b al-ramh wa bunûdihim) |
En Occident, a l’inverse, la figure de l’intellectuel engagé est plus prégnante : Hugo, Lamartine, Chateaubriand...Ces trois poètes ont été engagés en politique et se sont servis de leur plume a l’appui de leur combat , au lieu de la seule épée. Mais cela ne doit pas occulter que de grands militaires ont pu aussi s’illustrer par des travaux de plume en alimentant la doctrine militaire et politique : De Gaulle, Lyautey, ou plus récemment les médiatiques généraux Vincent Desportes et Pierre de Villiers.
Victor Hugo et Lamartine |
Il y aurait encore bien des exemples à découvrir ou redécouvrir et le but n’est pas ici de faire un inventaire à la Prévert ou de réinventer la roue.
Mais à l’heure ou le matérialisme-roi est mis à nu et ou on se prend à vouloir réfléchir à de nouvelles idées pour faire société au delà du consumérisme effréné, il faut s’inspirer de cet idéal pour l’adapter au monde contemporain en rediscutant la place de la “spécialité”.
. A moins que le Candide de Voltaire nous ait déja tracé la voie en nous invitant à “cultiver notre jardin”. Cultive t-on de façon pérenne en mono-culture ?