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Pourquoi Jacques de Molay a-t-il été brûlé ?

La Rédaction

 En Littérature et société, nous avons visionné le film Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud. Les deux personnages principaux, Guillaume de Baskerville et son jeune novice Adso, enquêtent sur une affaires de morts mystérieuses au sein d'une abbaye bénédictine du nord de l'Italie.

Sur la photographie ci-dessus, nous assistons à la tenue d'un tribunal d'Inquistion, avec l'inquisiteur Bernardo Gui, qui a pour but de combattre les hérésies. Au terme de ce procès, l'inquisiteur condamne au bûcher deux hérétiques et une jeune fille qu'il accuse de sorcellerie sans qu'elle ait eu l'occasion de se défendre des accusation portées à son égard.

Mais vous allez voir que Jacques de Molay, le grand maître des Templiers, a subi le même sort que ces trois personnages, mais pour bien d'autres raisons et dans d'autres circonstances.

 I. Les Templiers 

Tout d'abord, il faut savoir que les Templiers forment un ordre militaire et religieux chrétien qui dépend du pape, fondé en 1118 à Jérusalem. Son but est de protéger les pèlerins participant au pèlerinage à Jérusalem sur le tombeau de Jésus, contre les attaques des guerriers musulmans. Les Templiers sont donc à la fois des moines et des soldats.

Durant sa période d’existence, de 1129 à 1312, l’ordre du Temple a été dirigé par vingt-trois maîtres.

Les Templiers sont recrutés dans la noblesse et parmi les hommes libres non nobles. Il faut avoir plus de dix-huit ans, ne pas être fiancé, ni membre d'un autre ordre, pour demander l'entrée dans l'ordre. De plus, il ne faut pas être endetté, et être sain de corps et d'esprit.

Dès lors, les Templiers, comme les moines, prononcent les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.

Le vêtement du Templier

En ce qui concerne leur tenue vestimentaire, il est important que les frères soient habillés de façon réglementaire : manteaux blancs pour les frères chevaliers issus de la noblesse, symbole de leur pureté de corps et leur chasteté, et manteaux bruns pour les frères servants non nobles. Les robes fournies par le drapier de l'ordre devaient être sans superflu, sans fourrures ni ornements, ni trop longues, ni trop courtes. Une croix vermeille était souvent cousue sur leur vêtement, au niveau du cœur ou sur l'épaule : elle indiquait leur appartenance à la chrétienté, et la couleur rouge rappelait le sang versé par le Christ. Cette croix exprimait aussi le vœu permanent de croisade à laquelle les Templiers s'engageaient à participer à tout moment.

 

La vie quotidienne des Templiers

C'était une vie partagée entre les temps de prières, la vie collective, l’entraînement militaire, l'accompagnement et la protection des pèlerins, la gestion des biens, le commerce, la récolte des taxes et impôts dus à l'ordre, le contrôle du travail des paysans sur les terres de l'ordre, la diplomatie, la guerre et le combat contre les infidèles.

 

Les Templiers et leurs rapport avec l'argent

Pour payer les frais de fonctionnement de l'ordre et les dépenses de leurs activités militaires en Orient, les Templiers devaient exercer une activité économique, commerciale et financière.

Ils développèrent donc un vaste commerce de produits de luxe dans toute l'Europe. Ils savaient gérer leurs biens de façon efficace. Ils prêtaient de l'argent aux pèlerins, croisés, marchands, congrégations monastiques, clergé, rois, princes, etc. En France, ils étaient aussi gardiens du trésor royal. Ils possédaient donc d'immenses richesses.


II. Jacques de Molay

A présent, penchons nous davantage sur le sort de Jacques de Molay, 23e et dernier maître de l'Ordre.

Après avoir combattu en Terre sainte, Jacques de Molay est élu à la tête de l'ordre en 1292. A cette date, l'ordre est en crise après la perte de Saint-Jean d'Acre en mai 1291. La défense de ce lieu étant la raison d'être des Templiers, leur réputation est alors affaiblie.

Jacques de Molay consacre son magistère à réorganiser l'ordre, à préparer la reconquête des lieux saints. Mais il échoue, ce qui marque la fin de la présence chrétienne en Terre sainte et de la vocation des Templiers à protéger les pèlerins.

En Occident, les Templiers sont encore très nombreux, mais l'ordre y est devenu impopulaire.  On lui reproche les avantages octroyés par le pape, les donations qu'il reçoit, et son activité financière. Si individuellement, les Templiers ne sont pas riches, beaucoup d'argent est en effet passé entre les mains de l'ordre, dépositaire du trésor royal et qui assurait les transferts d'hommes et de fonds de l'Occident vers l'Orient. Sont également dénoncés son orgueil, son échec en Terre sainte et sa rivalité avec les Hospitaliers, ordre avec lequel ils refusent de fusionner.

III. La chute des Templiers

Peu après son arrivée, le grand maître reçoit des nouvelles inquiétantes : le roi de France Philippe le Bel serait en train d'accumuler des charges contre son ordre. L'idée de détruire le Temple était déjà présente dans l'esprit du roi de France, mais il manquait de preuves et d'aveux afin d'entamer une procédure.

Ce fut chose faite grâce à un atout majeur déniché par Guillaume de Nogaret en la personne d'un ancien Templier renégat, qui se serait confessé à lui en accusant l'ordre d'hérésie, d'outrage à la personne du Christ, d’idolâtrie et de rites obscènes.

Pour couper court à ces rumeurs, Jacques de Molay demande une enquête pontificale à Clément V, qui la lui accord le 24 août 1307.

Jacques de Molay ne semble pas prendre trop au sérieux les menaces françaises. L'enquête par Guillaume de Nogaret n'ayant recueilli que des témoignages provenant de Templiers chassés de l'ordre à cause de leur mauvaise conduite, il considère que leur parole est de peu de poids.

 

Mais le 13 octobre 1307, Philippe le Bel, connu pour sa piété et encouragé par ses conseillers, fait arrêter les Templiers et saisir leurs biens.

A cette nouvelle, le pape Clément V se précipite à Poitiers afin de commander la tenue d'un consistoire. Celui-ci dure plusieurs jours, et le pape décide finalement de s'opposer au roi, à qui il écrit pour signifier son indignation devant l’arrestation des Templiers et le mépris dont le roi a fait preuve en agissant de la sorte.

 

Les interrogatoires et le dernier combat des Templiers

Dans toute la France, des Inquisiteurs interrogent et torturent plus de 138 templiers. Philippe le Bel triomphe, car nombreux sont ceux qui passent aux aveux. Jacques de Molay lui aussi avoue une partie des crimes : reniement et crachat lors de son admission en 1265. Ces aveux portent un coup décisif à la réputation du Temple.

Cependant Clément V considère avec méfiance la fiabilité de ces aveux et il envoie deux cardinaux interroger directement Jacques de Molay, Philippe le Bel refuse, et le pape doit le menacer d'excommunication pour qu'il finisse par céder.

Donc le 27 décembre 1307 le grand maître clame son innocence devant les cardinaux.

Jacques de Molay reste aux mains du roi, à Chinon. Les cardinaux l'interrogent de nouveau en août 1308, et selon le procès verbal il change encore de discours : il revient à ses premiers aveux. Les cardinaux l'absolvent et le réintègrent dans l'unité de l’Église.

Ayant été pardonné, il est désormais lié à ses aveux. En cas de nouvelle rétraction, il risque désormais le bûcher, en étant déclaré relaps.

Un an plus tard, le 26 novembre 1309, il comparaît devant la commission pontificale, en présence de Guillaume de Nogaret. Il tente à nouveau de se défendre, et apparaît surpris à la lecture de ses aveux. Il refuse de parler davantage devant les commissaires et réclame d'être conduit directement au pape. Mais il ne sera plus interrogé. Il n'est pas prouvé qu'il ait été torturé mais plusieurs lettres contemporaines l'affirment, et cela pourrait expliquer ces revirements.

L'erreur du grand maître a sans doute été de se reposer entièrement sur Clément V. Celui-ci a bien tenté de le défendre dans un premier temps, mais a fini par préférer un compromis avec le puissant roi de France, au détriment des Templiers.

Le concile de Vienne

Le concile de Vienne qui se tient le 16 octobre 1311 au sein de la cathédrale Saint-Maurice de Vienne, a trois objectifs : statuer sur le sort de l'ordre, discuter de la réforme de l’Église et organiser une nouvelle croisade.

Pour ce qui est du sort des Templiers et de leurs biens, le pape fulmina deux bulles :

  • Ad providam, le 2 mai 1312, concernant les biens du Temple, qui furent légués en totalité à l'ordre de l'Hôpital et donc mis hors de portée du roi de France.
  • et Considerantes dudum le 6 mai 1312, déterminant quant à elle le sort des hommes.

Ceux qui avaient avoué ou avaient été déclarés innocents se verraient attribuer une rente et pourraient vivre dans une maison de l'ordre. Mais tous ceux qui avaient nié ou s'étaient rétractés, subiraient un châtiment sévère.

Le sort des dignitaires de l'ordre du Temple restait toutefois entre les mains du pape.

Le procès et l'exécution des dignitaires

En décembre 1313, le pape nomme une nouvelle commission de trois cardinaux pour juger les quatre dignitaires. Mais  en mars 1314, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay reviennent sur leurs aveux et clament leur innocence et celle du Temple. Ils sont condamnés au bûcher, comme relaps, pour être retombés dans leurs erreurs. Philippe le Bel les livre alors aux flammes le jour même, sur l'île aux Juifs.

Geoffroi de Paris (clerc royal), présent lors de l'exécution, rapporte l'attitude et les dernières paroles du grand maître :

Le maître, qui vit le feu prêt, s'est dépouillé immédiatement sans peur, et se mit tout nu en sa chemise. Il ne trembla à aucun moment, bien qu'on le tire et bouscule. Ils l'ont pris pour le lier au poteau, et lui, souriant et joyeux, se laisse faire. Ils lui attachent les mains, mais il leur dit : « Seigneurs au moins, laissez-moi joindre un peu mes mains, et vers Dieu faire oraison. Car c'en est le temps et la saison. Je vois ici mon jugement, ou mourir me convient librement. Dieu sait qui a tort et a pêché, le malheur s'abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur, sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir. En cette foi je veux mourir. Voici ma foi, et je vous prie, que devers la Vierge Marie, dont notre Seigneur le Christ fut né, mon visage vous tournerez ».On lui a accordé sa requête. Et la mort le prit si doucement que chacun s'en émerveilla.

 

IV. Les raisons de la chute des Templiers

La chute de l'ordre du Temple fait l'objet d'une polémique. Elle serait le fait du roi de France Philippe de Bel, qui aurait agi dans le but unique de s'approprier le trésor des Templiers. Cependant, les raisons pour lesquelles l'ordre a été éliminé sont beaucoup plus complexes et celles que je vais vous exposer n'en représentent probablement qu'une partie.

  • L'une des premières raisons fut la perte de la ville de Saint-Jean d'Acre, qui entraîna celle de la Terre sainte. En effet, les croisés perdirent Acre à l’issue d'un siège sanglant. A la suite de quoi la question de l'utilité de l'ordre du Temple s'est posée car il avait été créé à l'origine pour défendre les pèlerins allant à Jérusalem sur le tombeau du Christ. Ayant perdu la Terre sainte, et donc la raison même de leur existence, une partie de l'ordre se pervertit.
  • Certes, l'accusation d'hérésie était infondée. Mais comme dans toute collectivité, il existait des comportements individuels déviants et des traditions parfois malsaines.
  • Cependant, pour nombre d'historiens, les motivations du roi de France sont ailleurs. Philippe le Bel est le dernier des Capétiens ; la souveraineté de l’État commence à s'affirmer. Pour lui, une institution indépendante et internationale de 15 000 hommes est une menace.
  • Enfin certains historiens prêtent une part de responsabilité dans la perte de l'ordre à Jacques de Molay lui-même. En effet, suite à sa défaite à Acre, le projet d'une croisade germa dans l'esprit de certains roi chrétiens, et surtout dans celui du pape Clément V, qui désirait également une fusion des deux ordres militaires les plus puissants de Terre sainte. Ce que refusa le maître, qui craignait que l'ordre du Temple ne soit fondu dans celui des Hospitaliers.

 

V. La malédiction des rois maudits, lancée par Jacques de Molay

Cette légende a inspiré au romancier Maurice Druon l'écriture de son roman historique, Les Rois maudits. Il s'agirait d'une malédiction que Jacques de Molay aurait prononcée sur le bûcher :

« Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! »

 

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