Avec Drunk, Thomas Vinterberg signe une œuvre à la fois audacieuse, mélancolique et profondément humaine. Derrière son postulat presque absurde — un groupe de professeurs testant une théorie selon laquelle l’homme serait plus performant avec un taux d’alcool constant de 0,05 % dans le sang — se cache une méditation poignante sur la crise de la quarantaine, la masculinité, et le vertige de l’existence.
Le film suit Martin, interprété avec une finesse bouleversante par Mads Mikkelsen. Enseignant désabusé, mari distant, homme éteint, Martin voit sa vie basculer lorsqu’il s’engage dans cette expérience alcoolique avec trois collègues. Les débuts sont grisants : regains d’enthousiasme, renouveau dans la pédagogie, complicité retrouvée à la maison... mais très vite, l’euphorie cède la place à une pente glissante. Car au-delà du contrôle, c’est la fuite de soi-même qui se joue.
Ce qui distingue Drunk, c’est son refus de porter un jugement simpliste. Le film ne condamne pas, il interroge. Il observe avec tendresse et lucidité ces hommes perdus, en quête d’intensité, de sens, d’une seconde jeunesse. Vinterberg manie avec brio le mélange de légèreté et de gravité, d’humour et de drame, sans jamais sombrer dans la caricature.
Mikkelsen est tout simplement magistral. Sa performance, tout en retenue et en douleur contenue, culmine dans une scène finale inoubliable — un moment de grâce cinématographique, à la fois libérateur, tragique et exaltant.
🎭 "Qu'est-ce que la jeunesse ? Qu'est-ce que la vie ?"
Drunk est un film sur l’éveil, sur le fil ténu entre le contrôle et le chaos, et sur cette nécessité vitale de se sentir vivant — quitte à se brûler un peu les ailes. Un film profondément humain, drôle, triste, et finalement lumineux.