Le maccarthysme ou maccarthisme (en anglais : McCarthyism) est une période de l'histoire américaine, connue également sous le nom de « Peur rouge » (Red Scare) et qualifiée fréquemment de « chasse aux sorcières » (witch hunt). Le maccarthysme trouve ses origines dans le fort sentiment anticommuniste qui s'était développé aux États-Unis dans le contexte de la guerre froide. Il s'étend de 1950, avec l'apparition du sénateur Joseph McCarthy sur le devant de la scène politique américaine, à 1954, avec le vote de censure contre McCarthy. Pendant deux ans (1953-1954), la commission présidée par McCarthy traqua d'éventuels agents, militants ou sympathisants communistes aux États-Unis. Plusieurs millions d’Américains sont soumis à des enquêtes judiciaires et policières. Par simplicité, l’expression est parfois utilisée dans un sens plus large, elle désigne alors l'ensemble des investigations et de la répression menées par des commissions parlementaires américaines à l'encontre des communistes, leurs sympathisants ou supposés tels, englobant ainsi celles menées par le House Un-American Activities Committee à partir de 1946.
Genèse :
Joseph McCarthy apparaît sur le devant de la scène politique américaine le 9 février 1950, lorsqu'il prononce un discours à Wheeling (Virginie-Occidentale), dans lequel il dénonce la présence de communistes au sein même du département d‘État. L'expression « McCarthyism » apparaît pour la première fois le 29 mars 1950, sous la plume du dessinateur du Washington Post, Herblock. Elle est reprise par les adversaires de McCarthy, comme James Reston dans son article paru dans le New York Times le 8 avril 1950, « The Menace of McCarthyism », ou Jack Anderson et Ronald W. May dans leur biographie de McCarthy, McCarthy: The Man, the Senator, the "Ism". Mais elle finit par être revendiquée par McCarthy lui-même comme le montre la brochure publiée par ses partisans en 1952 : McCarthyism, the fight for America, Documented answers to questions asked by friend and foe by Senator Joe McCarthy.
Contexte :
Le maccarthysme apparaît dès le début de la guerre froide, qui oppose les États-Unis à l'URSS. La situation géopolitique cause une véritable paranoïa dans l'opinion américaine, qui exprime une crainte du communisme et du bloc soviétique. Dans une lettre adressée au philosophe allemand Karl Jaspers en 1949, Hannah Arendt exprime l'inquiétude que lui inspirait la situation américaine : « Ici, l’atmosphère politique générale, surtout dans les universités et les collèges (à l’exception des très grands), est actuellement peu agréable. La chasse aux rouges est en marche et les intellectuels américains, surtout dans la mesure où ils ont un passé radical et sont devenus antistaliniens au fil des années, se mettent en quelque sorte à l’unisson du département d’État ». Selon Pierre Grémion, il existait aux États-Unis, comme en Grande-Bretagne, « une tradition de collaboration des intellectuels avec les services de renseignement de leur pays ».
Dès 1946, le président Harry Truman instaure une commission temporaire, chargée d'enquêter sur la loyauté des fonctionnaires fédéraux. Il s'agit alors d'identifier et d'écarter les fonctionnaires subversifs, partisans d'idéologies ou de régimes dits « totalitaires » comme le fascisme, le communisme et le nazisme. Cinq mois plus tard, l’Executive Order 9835 rend le programme permanent. Le gouvernement Truman reste toutefois l’objet d’attaques de la part des républicains conservateurs, notamment les sénateurs Style Bridges (New Hampshire), William Jenner (Indiana), Karl Mundt (Dakota du Sud), et Joseph McCarthy, sur le thème de la présence de communistes au gouvernement et de la « complaisance à l’égard des communistes » (soft on communism).
Sources:
- Plus exactement la deuxième peur rouge, la première ayant lieu de 1917 à 1920.
- Roger Martelli, « Idéologie, propagande et paranoïa » , sur monde-diplomatique.fr, 2014.
- Le dessin de Herblock.
- Jack Anderson et Ronald W. May, McCarthy: The Man, the Senator, the "Ism", Boston, Beacon Press, 1952.
- Pierre Grémion, Intelligence de l'anticommunisme. Le congrès pour la liberté de la culture à Paris (1950-1975), Paris, Fayard, 1995, p. 139.
- Pierre Grémion, Intelligence de l'anticommunisme. Le congrès pour la liberté de la culture à Paris (1950-1975), Paris, Fayard, 1995, p. 618.
- l'Executive Order 9835.
- Yves Viltard, Le cas McCarthy : une construction politique savante