LES GALIBOTS
Selon le Larousse, c’est le nom qui était donné aux enfants employés aux travaux souterrains dans les mines du Nord et du Pas-de-Calais.
Le mot « galibot » vient du picard et est une altération de galobier, de l’ancien français galer, s’amuser…
Les galibots s’amusaient drôlement bien, en effet, dans le fond des mines. Ils subissent les mêmes risques que les adultes. Ainsi à Béthune, en 1861, un accident dans la mine provoque la mort de dix-huit travailleurs dont sept enfants !
Avant 1813, des enfants de 8 ans descendaient dans les puits pour un salaire insignifiant. Ils effectuaient différentes tâches : porter des lampes, des seaux, du matériel divers…
Très vite, ils devenaient rouleurs, c’est-à-dire poussaient les berlines, pleines ou vides. Ils devaient également effectuer le remplissage de ces berlines.
En janvier 1813, la loi interdit la descente des enfants de moins de 10 ans. En 1841, la durée de travail quotidienne, pour les enfants de 8 à 10 ans est limitée à 8 heures. Le travail de nuit est interdit aux enfants de moins de 13 ans.
En 1848, la loi interdit l’embauche avant 12 ans. De 12 à 16 ans, la durée de travail quotidienne est limitée à 12 heures. 1874-1875, le travail des femmes au fond est interdit.
A cette époque, un organisme de contrôle de l’application des lois est créé. Le patronat et les dirigeants des Compagnies Minières crient au scandale !
La situation stagne jusqu’en 1919. A cette époque, la loi préconise les 3 postes de 8 heures de travail. L’âge minimum est fixé à 13 ans. Les Compagnies préconisent un poste en surface (triage, criblage) avant la première descente.
En 1946, le jeune peut préparer son apprentissage dès 14 ans. Il s’entraîne alors dans les mines-images. En fait, un centre de formation se doit d’être équipé d’une reconstitution grandeur nature d’une galerie de mine dans laquelle le stagiaire est en présence des conditions et du matériel qu’il rencontrera lorsqu’il sera en poste au fond.
Les conditions du galibot se sont donc améliorées, du moins en théorie. Cependant, il convient de rapprocher ce qui vient d’être écrit et le témoignage du 25-11-2016, APPHIM (Association pour la Protection du Patrimoine Historique Industriel Minier), d’un certain Momo :
« Je parle en mon nom mais aussi celui de mes jeunes copains à peine âgés de 14 ans en 1946, tous disparus. Employés au fond à la fosse 5 d'Auchel, j'affirme que dès le premier jour nous étions opérationnels. Souffrant alors de malnutrition, exploités inhumainement, il fallait suivre la cadence que nous imposaient les mineurs. Parfois insultés et mêmes frappés par la maîtrise parce que trop faibles pour transporter, plutôt traîner au sol, de véritables troncs d'arbres, des éléments de couloirs oscillants ou de tuyauterie, matériels très lourds. Les galeries dans un état de délabrement incroyables, les voies de roulage usagées et déformées occasionnaient de nombreux déraillements.
Impitoyables, les porions, d'ailleurs eux-mêmes insultés pour manque de coupe (production de charbon insuffisante), ne se maîtrisaient plus ou moyennement. Et nous étions en quelque sorte les souffre-douleurs. Nos salaires atteignaient le quart de celui des mineurs. Je me souviens d'un chef-porion surnommé 100 francs par seconde.
Il faut rappeler surtout à ceux qui ont la mémoire courte ou qui n'ont pas connu cette période qu'il fallait reconstruire le pays à tous prix!!! Et surtout qu'à cet effet la bataille du charbon ne faisait qu'empirer les choses.
D'ailleurs encore maintenant, s'il reste des survivants de cette période je les imagine tous atteints de la silicose et tragiquement diminués. Une statistique de 2007 fait état de 58 000 mineurs sacrifiés (tués par la silicose) et 12 000 en attente !»
-Momo-
En 1959, la législation fixe la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans. L’apprentissage commence ensuite ou en alternance. Mais le futur mineur ne pourra descendre qu’après achèvement de sa formation.
Ci-dessous : Photo du fond des mines de Carvin en 1902 : le rouleur et le surveillant.