#Karakou #Qat #badroune #tenues_traditionnelles_algeriennes
Le karakou est un vĂȘtement qui exprime le raffinement des sublimes algĂ©roises.
Le karakou algĂ©rois est composĂ© d'une veste brodĂ©e de diffĂ©rentes maniĂšres, avec un sarouel cherka ou mdaouar. Le tissus est en velours. Il existe une version du karakou avec une matiĂšre plus lĂ©gĂšre et plus souple que le velours, telle la soie, on l'appelle le "Kat". C'est le nom donnĂ© par les algĂ©roises et les blidĂ©ennes. En plus de la g’nidra, la gent fĂ©minine portait un ample pantalon de toile blanche descendant jusqu’aux chevilles sur lequel tombait la ghlila, une longue veste de satin ou en velours qui tombe Ă mi-jambe avec des manches sans coude et un col prolongĂ© jusqu’en dessous de la poitrine dĂ©corĂ© de boutons d’or ou d’argent.
L’algĂ©roise se chaussait de babouches en velours richement brodĂ©es d’or. La tĂȘte Ă©tait coiffĂ©e d’un foulard multicolore ou blanc appelĂ© manharma.
Les riches et les officiels de l’Ă©poque optaient pour le caftan et le karakou qui Ă©taient Ă©laborĂ©s dans des Ă©toffes trĂšs onĂ©reuses sans oublier que l’or ou l’argent (travail de felta et medjboud) ouvragĂ©s de broderies restaient hors de prix.
Le caraco, ce vĂȘtement traditionnel prisĂ© notamment par la jeune mariĂ©e, a un riche passĂ©. Au dĂ©but du siĂšcle, la ghlila djabadouli abandonne au dĂ©but du siĂšcle ses dĂ©corations triangulaires et ovoĂŻdes, trop coĂ»teuses et difficiles Ă acquĂ©rir aprĂšs la fermeture de la plupart des ateliers d’artisans algĂ©rois.
Le décolleté décoré de passementerie disparaßt suite à la raréfaction des colliers de perles. Les manches brodées qui distinguent la ghlila djabadouli de la ghlila simple se maintiennent longtemps.
Ce vĂȘtement, dĂ©sormais cintrĂ© Ă la taille et dĂ©pourvu de son dĂ©colletĂ©, n’a plus la forme d’une ghlila, on le baptise caraco algĂ©rois. On lui a confĂ©rĂ© Ă l’Ă©poque le statut de costume cĂ©rĂ©moniel. Il se portait avec les manches de la ghlila djabadouli et de petits boutons de passementerie sur toute la longueur de sa devanture et prĂ©sentant de nouvelles formes de broderie.
Si les EuropĂ©ennes se plaisaient Ă reprendre des motifs d’inspiration baroque, les AlgĂ©roises sont restĂ©es fidĂšles aux lignes, aux motifs gĂ©omĂ©triques et aux reprĂ©sentations de vĂ©gĂ©taux.
La devanture de certains caracos sont brodĂ©s de beaux paons. Il va sans dire que le motif le plus rĂ©pandu Ă cette Ă©poque-lĂ reste le modĂšle dĂ©coratif caractĂ©ristique d’une veste masculine appelĂ©e kabbut (caban). Ce dernier est agrĂ©mentĂ© de rosaces. Les AlgĂ©roises relĂšvent ce motif circulaire sur le caban pour ses dĂ©corations brodĂ©es au fil d’or. A cette Ă©poque, le velours est indissociable de la veste de cĂ©rĂ©monie algĂ©roise, car moins coĂ»teux que le brocart et il rĂ©siste mieux sur le textile europĂ©en.
Ainsi, le caraco des annĂ©es 1930 du XXe siĂšcle « associe un buste dont la coupe est inspirĂ©e de la casaque Ă basques europĂ©enne Ă des manches issues de la ghlila djabadouli algĂ©roise et une ornementation inspirĂ©e de celle des cabans masculins ».
Cent ans aprĂšs la conquĂȘte d’Alger, la veste de cĂ©rĂ©monie a subi des transformations. Elle est de moins en moins rĂ©pandue mais perdure tout de mĂȘme. Le caraco de cĂ©rĂ©monie devient une piĂšce rare, et vers le milieu du XXe siĂšcle, les dĂ©corations circulaires brodĂ©es sont troquĂ©es contre de simples broderies avec de petites boutons lignĂ©s sur la devanture.
Cependant, le caraco conserve sa forme cintrĂ©e qui s’Ă©vase Ă partir de la taille. On assiste durant ces annĂ©es-lĂ , Ă l’apparition d’un modĂšle droit et court, nĂ©cessitant moins de velours. Il s’agit d’un bolĂ©ro sans manches qui remplace parfois le caraco. Entre le XIXe siĂšcle et le milieu du XXe siĂšcle, la sociĂ©tĂ© algĂ©roise a subi des mutations profondes.
Le costume algérois a, lui aussi, subi des métamorphoses. Le caraco, descendant du costume ouvert, fait de brÚves apparitions durant la guerre de Libération nationale.
AprĂšs l’indĂ©pendance, l’amĂ©lioration du niveau de vie de la population s’accompagne d’un renouveau du caraco algĂ©rois.
Des variations de formes s’opĂšrent, prĂ©sentant ainsi des manches courtes, des dĂ©colletĂ©s divers, des dĂ©corations aux motifs de fleurs, de papillons et d’oiseaux ainsi que de paillettes et de petites perles de couleur claire. Les dĂ©buts des annĂ©es quatre-vingt sont ponctuĂ©s d’un modĂšle de caraco printanier, plus classique et plus imposant.
Le caraco retrouve sa coupe originale, cintrée, évasée à partir de la taille et aux manches longues.
Les broderies, réalisées à la technique de fetla ou de medjboud, sont axées sur des motifs végétaux.
Des spĂ©cialistes reconnaissent aujourd’hui que la qualitĂ© de certaines broderies faites Ă la main a toutefois perdu de sa finesse et la prĂ©cision des ancĂȘtres des siĂšcles prĂ©cĂ©dents.
En effet, plus que Tlemcen ou Constantine, Alger a enregistrĂ© la disparition partielle de son artisanat local durant la pĂ©riode coloniale, ajouter Ă cela la qualitĂ© des velours et des fils dorĂ©s ou argentĂ©s. Incontestablement, l’AlgĂ©rie conserve son costume traditionnel bien qu’il soit enrichi d’un certain nombre d’Ă©lĂ©ments nouveaux. Il est aujourd’hui rĂ©servĂ© pour les grandes occasions.
#cerise