« Le beau n’est pas propre à une race privilégiée ; j’ai émis dans le monde artistique l’idée de l’ubiquité du beau. Toute race a sa beauté qui diffère des autres races », a écrit Charles Cordier. Dès son premier portrait d’un Noir africain, Saïd Abdallah, de la tribu Mayac, royaume du Darfour, et dans ses figures d’Algériens, l’artiste sut rendre la noblesse de caractère de ses modèles, en valorisant leur exotisme, loin des considérations méprisantes qui avaient souvent cours. En choisissant une femme pour représenter la communauté juive d’Algérie, il sacrifiait sans doute à l’image répandue d’une « beauté hébraïque » (l’expression est de Théophile Gautier), mystérieuse et lointaine. En l’occurrence, ce sont les traits extrêmement classiques de cette figure qui frappent, donnant corps à l’idée, souvent énoncée par les voyageurs, d’une Antiquité biblique restée vivante en Orient.
Après la campagne d’Égypte de Bonaparte (1798-1801) et le début de la conquête de l’Algérie (1830), la France et la Grande-Bretagne étendent progressivement leur influence en Afrique du Nord. L’expansion coloniale facilite le développement des études des populations exotiques, ce que l’on appelle alors des « races ». En 1839 est créée la Société ethnologique à Paris, puis en 1859 la Société d’anthropologie. Naturalistes, géographes, médecins, s’intéressent aux peuples d’ailleurs. Si l’esclavage est officiellement aboli en France en 1848, le débat sur la place des peuples est toujours vif. L’Essai sur l’inégalité des races de Gobineau, qui marque le début du « racisme » moderne, est publié en 1853-1855, tandis que L’Origine des espèces de Darwin, dont les thèses seront reprises et déformées par les théoriciens de l’inégalité entre les peuples à la fin du siècle, est traduit en France en 1862. L’épopée de la « Vénus hottentote » (de son vrai nom Saartjie Baartman), exhibée dans toute l’Europe en 1814, prélude au développement des zoos humains tout au long du siècle. La « galerie d’anthropologie » qui ouvre au sein du Muséum d’histoire naturelle dans les années 1850 se veut une vitrine pour les nouvelles découvertes. Des artistes voyageurs sont alors sollicités pour ramener des portraits d’hommes et de femmes des contrées qu’ils foulent. C’est dans ce contexte que Charles Cordier obtient en 1856 une mission en Algérie, afin d’y « étudier, du point de vue de l’art, les différents types de race humaine indigène ». Suite à ce séjour, il produit douze bustes d’Algériens, qu’il expose au Salon de 1857. Poursuivant sur sa lancée ethnographique, il réalise quelques années plus tard cette Juive d’Alger.
Henri Joseph Charles Cordier né le à Cambrai et mort le à Alger est un sculpteur français.
Reprenant une technique remontant à l'Antiquité romaine, il utilise des marbres polychromes tel que l'onyx pour habiller ses bronzes, représentatifs du style orientaliste et de l'éclectisme propre au Second Empire
sources : Nicolas FEUILLIE , une Étude en partenariat avec le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, Wikipedia
👌Profitez avec l'application audible pour écouter le livre de votre choix gratuitement: 👇
🔔Soutenez-nous sur Tipee: https://fr.tipeee.com/elmesmar 🤗🤗