Giuseppe Ragazzini |
Montesquieu, penseur des Lumières et concepteur de l’équilibre des pouvoirs, la trouvait à son goût. Rousseau la défendait aussi. La dictature eut pendant longtemps bonne presse chez les philosophes. Et pas que : les révolutionnaires de 1789, lecteurs des grands auteurs anciens, voyaient dans cette institution romaine un modèle à suivre en cas de fortes turbulences. Les ennemis de l’extérieur et de l’intérieur, acharnés contre la nouvelle République, ne nécessitaient-ils pas qu’au nom du salut public on concentrât les pouvoirs ? On n’osa pas nommer un dictateur, mais Robespierre en assuma, en quelque sorte, les fonctions.
Depuis, le jugement a changé et le mot a pris un sens péjoratif. La dictature est devenue l’image inversée de la démocratie. Elle désigne un régime autoritaire, à forte tendance tortionnaire, qui semble caractéristique de pays lointains, situés sur les continents sud-américain ou africain. Ou alors elle est une machine à remonter le temps européen, quand régnaient le général Franco (1938-1975) ou des colonels grecs (1967-1974). On remarque qu’il ne viendrait à l’idée de personne aujourd’hui de se déclarer dictateur.
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