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Les Black Panthers : l’avant-garde de la rĂ©volution

La RĂ©daction
Stanley Nelson est un cinĂ©aste et producteur africain-amĂ©ricain reconnu pour ses documentaires qui allient pĂ©dagogie et distance, recherche et Ă©motion. Il avait 15 ans lorsque les Black Panthers ont fait irruption, Ă  l’automne 1966, Ă  Oakland, au cƓur du ghetto noir de San Francisco. Le prĂ©sident John F. Kennedy et le prĂ©dicateur Malcolm X viennent d’ĂȘtre assassinĂ©s, la guerre du Vietnam bat son plein, partout la jeunesse s’enthousiasme pour la rĂ©volution. Un nouveau monde Ă©merge et il compte pas moins de cinquante nouvelles nations en Afrique, en Asie et dans les CaraĂŻbes.
Et voilĂ  que des jeunes Noirs, souvent adolescents, se jettent Ă  leur tour dans l’arĂšne politique, imposant leur style. Si leurs revendications, ramassĂ©es en dix points, rĂ©affirment les droits les plus Ă©lĂ©mentaires qui leur font cruellement dĂ©faut. Leur code vestimentaire, leur audace et leur langage frappent instantanĂ©ment les esprits. Contre les brimades et les assauts des forces de l’ordre, ils veulent se dĂ©fendre et dĂ©fendre leur communautĂ©, par les armes si nĂ©cessaire.

C’est l’histoire de ce mouvement cĂ©lĂ©brĂ© et pourtant mal connu que nous restitue Stanley Nelson. Avant lui, nul n’Ă©tait parvenu Ă  dessiner la genĂšse et la progression de ce mouvement rĂ©volutionnaire tout Ă  la fois locale (Oakland et la baie de San Francisco), rĂ©gionale (Californie) et nationale sans oublier son versant international – bureaux Ă  Cuba et Alger, visites au Vietnam, fugitifs en France, etc.

Toutes les ressources du FBI, légales ou illégales
D’autres avaient racontĂ© ce qu’ils retenaient de ce mouvement au succĂšs fulgurant et au destin tragique, braquant la camĂ©ra sur les leaders (Bobby Seale, Huey P. Newton, Eldridge Cleaver), sur les premiers martyrs (Fred Hampton) ou sur ses redoutables ennemis Ă  l’instar de John Edgard Hoover qui mobilise toutes les ressources du FBI, lĂ©gales ou illĂ©gales, pour en finir avec les « nationalistes noirs ».

Il a fallu sept ans de travail, des kilomĂštres d’archives, des centaines d’entretiens (d’anciens militants et policiers, d’ex-agents du FBI) pour recomposer le puzzle, cinquante ans aprĂšs la naissance du Black Panther Party (Ă  l’origine le Black Panther Party for Self-Defense). Et Stanley Nelson de dĂ©rouler devant nos yeux Ă©bahis le fil de son histoire. A rebours du clichĂ© sur la violence et le machisme de ses leaders, on dĂ©couvre la vie quotidienne des militants.

Le film donne la parole aux fantassins et aux petites mains qui sont, le plus souvent, des jeunes femmes et qui forment la pierre angulaire de l’organisation. Ce sont ces fantassins qui nourrissent des milliers d’enfants en leur offrant un petit dĂ©jeuner gratuit, soignent les malades, mettent Ă  jour les registres Ă©lectoraux ou distribuent le journal du BPP, sa principale source de financement. C’est Ă  eux que le film rend hommage, Ă  leur courage, leur soif de justice et leur sens du sacrifice.





Nixon jure d’avoir la tĂȘte des Black Panthers
ConfinĂ©e d’abord dans la Californie dirigĂ©e par Ronald Reagan, l’organisation grossit au fil des mois, ouvrant des sections un peu partout, de New Haven Ă  Los Angeles, de Milwaukee Ă  Dallas. A l’intĂ©rieur, le mouvement commence Ă  pactiser avec d’autres groupes radicaux ; Ă  l’extĂ©rieur, de Hanoi Ă  Conakry, sa cĂŽte de sympathie grimpe en flĂšche. L’arrivĂ©e au pouvoir d’un conservateur dĂ©complexĂ© change la donne. Nixon jure d’avoir la tĂȘte des Black Panthers, Hoover peaufine son arme secrĂšte : le programme Cointelpro (Counter Intelligence Progam, pour Programme de contre-espionnage). La suite est connue : les dissensions, la dĂ©route. Les plus vaillants sont liquidĂ©s ou embastillĂ©s pour des dĂ©cennies. Les plus chanceux s’exilent, notamment Ă  Cuba.

FidĂšle Ă  sa rĂ©putation, Stanley Nelson fait Ɠuvre utile. Son plus grand souhait est d’instruire les jeunes d’aujourd’hui pour qu’ils s’inspirent du passĂ©, en tirent des leçons pour mieux affronter les dĂ©fis du prĂ©sent. C’est une chose de rendre compte de l’histoire d’une organisation, c’est une autre que d’en souligner les particularitĂ©s : la beautĂ© et la vĂ©ritĂ© d’une action ou d’un groupe ne se dĂ©cĂšlent que dans les dĂ©tails de ces derniers. Emouvant et instructif, le film de Stanley Nelson force le respect.

par Abdourahman A. Waberi est nĂ© en 1965 dans l’actuelle RĂ©publique de Djibouti, il vit entre Paris et les États-Unis oĂč il a enseignĂ© les littĂ©ratures francophones aux Claremont Colleges (Californie). Il est aujourd’hui professeur Ă  George Washington University. Auteur entre autres de « Aux États-Unis d’Afrique » (JC LattĂšs, 2006), il vient de publier « La Divine Chanson » (Zulma, 2015).

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