L’année 1966 fut l’une des plus riches et audacieuses de l’histoire du cinéma. Un véritable tournant artistique, où des cinéastes du monde entier ont repoussé les frontières de la narration, de l’esthétique et de la politique à l’écran. Cette année-là, plusieurs chefs-d’œuvre ont vu le jour, chacun marquant profondément son époque et influençant durablement le 7ᵉ art.
En Italie, Sergio Leone signait Le Bon, la Brute et le Truand, l’apogée du western spaghetti. Avec son style opératique, sa mise en scène magistrale et la mythique musique d’Ennio Morricone, le film s’impose comme le western le plus emblématique jamais réalisé.
En Suède, Ingmar Bergman bouleversait les codes avec Persona, son œuvre la plus expérimentale et provocante. Ce drame psychologique, fascinant et opaque, continue d'alimenter les débats et les interprétations des cinéphiles du monde entier.
Du côté de l’URSS, Andrei Tarkovski livrait Andreï Roublev, une fresque historique d’une puissance poétique inégalée. À travers la vie du célèbre peintre d’icônes, Tarkovski interrogeait le rôle de l’artiste dans une société en crise.
L’Italie était encore à l’honneur avec Gillo Pontecorvo et La Bataille d’Alger, un film-choc sur la guerre d’indépendance algérienne. Réaliste, engagé et tourné dans un style quasi documentaire, le film reste un modèle de cinéma politique.
En France, deux grands noms de la Nouvelle Vague ont marqué 1966 de leur empreinte. Jean-Luc Godard avec Masculin Féminin, portrait d'une jeunesse en quête de sens dans une société en mutation, et Robert Bresson avec Au Hasard Balthazar, une œuvre poignante racontée à travers le regard d’un âne, symbole silencieux de la souffrance humaine.
Au Japon, la Nouvelle Vague locale s’épanouissait avec des films marquants comme La Femme des sables de Hiroshi Teshigahara, Le Sabre du mal de Kihachi Okamoto ou encore Le Visage d’un autre de Hiroshi Teshigahara, qui questionnait l’identité à travers une esthétique troublante et futuriste.
Enfin, en Tchécoslovaquie, Věra Chytilová réalisait Les Petites Marguerites (Daisies), film culte du renouveau tchécoslovaque. Provocant, libre et audacieusement féministe, ce film reste un symbole du cinéma d’avant-garde de l’Europe de l’Est.
1966 fut bien plus qu’une année : elle incarna un moment de rupture et d’effervescence créative à l’échelle mondiale. Des cinéastes de tous horizons ont exploré de nouvelles formes, brisé les conventions, et redéfini le langage cinématographique. Aujourd’hui encore, ces films continuent d’inspirer et de fasciner. Un témoignage vibrant de ce que le cinéma peut être lorsqu’il ose sortir des sentiers battus.