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Dominique De Villepin : "Si nous Ă©chouons Ă  garantir la vie et la dignitĂ© du peuple de Gaza, c’est notre propre humanitĂ© que nous condamnons"

La Rédaction

 

LA MORT EST DÉSORMAIS LE SEUL MAÎTRE DE GAZA

Jour aprĂšs jour, Ă  Gaza, le bilan s’alourdit inexorablement : dix morts vendredi, vingt-six samedi, quatre-vingt-treize dimanche. Ce n’est plus simplement une guerre, mais une tragĂ©die humaine et une descente aux enfers oĂč toute une population est prise au piĂšge, soumise Ă  un choix impossible entre mourir de faim ou pĂ©rir sous les tirs incessants de l’armĂ©e.

Depuis plus de vingt mois, Gaza subit un dĂ©luge de feu en rĂ©ponse Ă  l’attaque terroriste du Hamas qui coĂ»ta la vie Ă  plus de mille deux cents IsraĂ©liens en octobre 2023 et fit deux cents cinquante et un otages, dont une cinquantaine demeurent toujours captifs, parmi lesquels vingt seraient encore en vie. En rĂ©ponse Ă  cette horreur initiale, prĂšs de soixante mille Palestiniens ont pĂ©ri sous les bombardements israĂ©liens. Cette spirale aveugle de reprĂ©sailles et de souffrances humaines marque Ă  jamais le visage de notre Ă©poque. Ces rĂ©percussions internationales provoquent des consĂ©quences qui pourraient devenir irrĂ©versibles dans la vie commune de millions de femmes et d’hommes si nous n’agissons pas. En France, l’antisĂ©mitisme ressurgit dangereusement, instrumentalisĂ© par les forces de la division qui cherchent partout Ă  fracturer les nations et les peuples. Dans un mĂȘme mouvement, des milliers de femmes et d’hommes de confession musulmane sont victimes d’une stigmatisation qui ne fait que s’amplifier. Partout les citoyens sont les victimes collatĂ©rales d’une guerre qui n’en finit plus de crĂ©er du dĂ©sastre et de la dĂ©solation. Et pendant que nous nous querellons, pris dans l’engrenage dramatique de la haine et de la division, des femmes et des hommes continuent de mourir aux portes de la MĂ©diterranĂ©e.

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), créée conjointement par IsraĂ«l et les États-Unis, s’est rapidement rĂ©vĂ©lĂ©e ĂȘtre un piĂšge cruel. L’aide humanitaire, qui avance masquĂ©e, se distribue sous la menace constante d’une force militaire omniprĂ©sente, oĂč chaque tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e d’obtenir de la nourriture peut signifier une condamnation Ă  mort. Selon l’ONU, en deux mois seulement, prĂšs de mille Gazaouis ont Ă©tĂ© tuĂ©s alors qu’ils tentaient simplement d’accĂ©der aux produits essentiels pour continuer Ă  vivre. EntourĂ©s de barbelĂ©s et gardĂ©s par des soldats lourdement armĂ©s, les centres de distribution se transforment en piĂšges mortels. Le dilemme tragique des Gazaouis – secourir un blessĂ© ou rĂ©cupĂ©rer un simple sac de farine – tĂ©moigne crument des conditions inhumaines auxquelles ils sont soumis chaque jour.

Peu Ă  peu, les voix des derniers journalistes locaux s’Ă©teignent, eux qui s’efforcent malgrĂ© tout de rapporter la vĂ©ritĂ© au monde, exposĂ©s quotidiennement Ă  des tirs ciblĂ©s et Ă  des arrestations arbitraires. L’Agence France-Presse elle-mĂȘme sonne l’alarme sur le sort de ses correspondants locaux : « leur vie est en danger », alerte-t-elle, impuissante, prenant la difficile dĂ©cision d’organiser l’Ă©vacuation de ses collaborateurs dans une pĂ©riode oĂč nous avons pourtant tellement besoin de savoir.

Chaque jour, les dirigeants internationaux affichent leur impuissance, voire leur indiffĂ©rence. Par son immobilisme et son quasi-mutisme, l’Union europĂ©enne trahit les principes fondamentaux sur lesquels elle a Ă©tĂ© bĂątie, restant sourde aux appels pressants des consciences les plus respectĂ©es, Ă  commencer par celui du pape LĂ©on XIV exigeant « un arrĂȘt immĂ©diat de la barbarie de cette guerre ». Ecoutons Elie Barnavi quand il nous met en garde : « Si on n’arrĂȘte pas Benyamin Netanyahou », « on se sera rendu coupable d’un crime de guerre et d’un crime contre l’humanitĂ© massif ». Ecoutons les voix qui se lĂšvent en IsraĂ«l mĂȘme. D’autant que chez nous, les rares initiatives diplomatiques s’enlisent. Ainsi, la confĂ©rence franco-saoudienne prĂ©vue Ă  la fin du mois de juillet, qui devait initialement ĂȘtre prĂ©sidĂ©e au plus haut niveau pour soutenir la reconnaissance de l’État palestinien, a Ă©tĂ© rĂ©duite Ă  une simple rĂ©union vice-ministĂ©rielle. Pourtant, la France s’est jointe Ă  vingt-quatre autres pays pour demander immĂ©diatement un cessez-le-feu et la libĂ©ration des otages. Nous devons soutenir fermement cette initiative.

Notre responsabilitĂ© morale est pleinement engagĂ©e. Nous devons exiger l’ouverture sans attendre de corridors humanitaires sĂ©curisĂ©s sous contrĂŽle international, conditionnant tout soutien Ă  IsraĂ«l au respect strict et absolu du droit humanitaire international. Enfin, je renouvelle ici mon appel Ă  ouvrir les portes de Gaza aux journalistes Ă©trangers. Le monde entier a plus que jamais le droit et le devoir de savoir.

Face Ă  cette tragĂ©die, un seuil moral, politique et historique a Ă©tĂ© franchi. Nous sommes dĂ©sormais confrontĂ©s, devant un peuple sidĂ©rĂ©, Ă  une mĂ©canique privĂ©e de tout garde-fou : autant du sens des responsabilitĂ©s d’un chef de gouvernement digne de ce nom, que du sens de la mesure de partis politiques dĂ©mocratiques, comme de la fidĂ©litĂ© au droit international de ses alliĂ©s occidentaux, et du courage et de la vigilance de chacune et chacun Ă  travers le monde, devant les atteintes intolĂ©rables au droit humain.

Jusqu’Ă  quel point allons-nous accepter l’inacceptable ? Jusqu’Ă  quel degrĂ© d’inhumanitĂ© devrons-nous descendre avant que notre conscience collective ne se rĂ©veille ? À ce stade, l’affaire n’est pas de mots : « crime contre l’humanitĂ© », « gĂ©nocide », « nettoyage ethnique »,pas mĂȘme d’un poids de chair et de sang, mais d’Ăąme, d’humanitĂ©, quand tous seuils franchis, on se trouve confrontĂ© Ă  l’injustifiable, Ă  l’innommable. Face Ă  cette urgence absolue, d’une lueur Ă  sauver au fond de chacun de nous, nous devons retrouver la force morale de dire « non », avec fermetĂ©, dignitĂ© et courage, Ă  cette horreur qui se dĂ©roule sous nos yeux. Nous devons enfin nous engager sur le chemin de la reconnaissance d’un Etat palestinien parce que, face au terrorisme islamiste du Hamas comme au messianisme ultrareligieux d’une partie du gouvernement israĂ©lien, la rĂ©ponse ne peut ĂȘtre que politique dans l’affirmation d’un principe, du droit et de la justice.

Si nous Ă©chouons Ă  garantir la vie et la dignitĂ© du peuple de Gaza, c’est notre propre humanitĂ© que nous condamnons.


✍đŸŒDominique de Villepin

Crédits : AP Photo - Jehad Alshrafi


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