Sa vie s’est brutalement interrompue. Ce cachalot vient d’être mortellement heurté par un bateau, au large de Nice. Cette créature, particulièrement sensible et intelligente, est l’une des innombrables victimes du trafic maritime.
À quelques kilomètres de cette scène de crime, à Nice, les chefs d’État du monde entier vont se réunir dans les prochains jours pour tenter de trouver des solutions pour mieux protéger les océans.
Cette photo, à la fois triste et puissante, a été prise par le photographe Greg Lecoeur l’année dernière (2024), en collaboration avec l’association « We are Méditerranée ». Il ne l’avait jamais publiée sur les réseaux. Voici le texte qu’il m’a envoyé pour accompagner le cliché :
« En Méditerranée, mer semi-fermée parmi les plus fréquentées au monde, le trafic maritime est intense. Outre la pollution chimique et sonore qu’il engendre, il constitue une menace mortelle pour les grands mammifères marins. Chaque année, des dizaines de cétacés — cachalots, rorquals communs ou dauphins — sont percutés par des navires de commerce et des ferries, souvent sans même que les équipages ne s’en aperçoivent. Ces chocs, violents et fulgurants, se produisent dans un silence absolu, loin des regards. Cette image poignante illustre cette réalité invisible. On y voit le corps sans vie d’un cachalot dérivant à la surface, victime d’une collision récente. Autour de lui, des requins bleus s’approchent lentement, attirés par l’odeur du sang. La scène se déroule dans la baie des Anges, à quelques milles seulement du rivage niçois et du plateau télévisé qui accueillera les débats de mardi. Un contraste saisissant entre l’effervescence politique à terre et le drame écologique en mer. La Méditerranée abrite une biodiversité exceptionnelle. Elle est notamment l’un des rares lieux en Europe où l’on peut observer le rorqual commun, deuxième plus grand animal vivant sur notre planète. Face à l’urgence, des solutions existent : réduction de la vitesse des navires, mise en place de systèmes de détection des cétacés, modifications des routes maritimes… Il est temps de faire des choix courageux et de replacer le vivant au cœur de toutes nos décisions. »
Par Hugo Clément