« Je dormais dans une gare… et j’ai fini par ouvrir une bibliothèque pour les sans-abri. » 🚉📚
Je m’appelle Andrés Solano, et pendant près de deux ans, ma maison a été un banc de bois, sur le quai de la gare centrale de Buenos Aires.
Je n’étais pas là à cause de la drogue ou de l’alcool.
J’y suis arrivé parce que la vie m’a échappé des mains : j’ai perdu mon travail, puis mon logement… et ensuite, ma fierté.
Chaque nuit, je me couvrais avec un manteau trouvé, tentant de préserver un semblant de dignité au milieu du bruit, du froid et de l’indifférence.
Ce qui m’a gardé en vie, c’est un vieux livre, ramassé dans une benne.
Un roman sans couverture, déchiré…
Mais je le lisais comme on respire : mot après mot, page après page, pour ne pas sombrer.
Quand je l’ai terminé, j’en ai cherché un autre. Puis un autre.
J’ai commencé à échanger des livres avec d’autres personnes à la rue.
Un soir, l’un d’eux m’a dit :
— Je n’avais jamais fini un livre. Merci.
Ce soir-là, j’ai compris que, même au milieu des ruines, j’avais encore quelque chose à offrir : le savoir.
Je n’avais plus de toit, mais je retrouvais un sens.
Avec l’aide d’un bénévole, on a lancé une petite bibliothèque mobile dans un vieux caddie.
Des livres donnés, enveloppés dans du plastique, prêtés à ceux qui n’avaient pas d’adresse, mais tant d’histoires à partager.
On allait de gare en gare, semant des mots parmi les oubliés.
Aujourd’hui, La Bibliothèque Invisible possède trois lieux fixes et des centaines de livres en circulation.
Mais surtout : elle a redonné un nom, une voix, une espérance à ceux que la société avait effacés.
Je n’ai pas de diplômes prestigieux.
Seulement la fierté d’avoir réveillé l’âme de ceux qui dormaient pour oublier.
« Je dormais entre deux trains… et j’ai compris qu’une page peut être la première pierre d’une nouvelle vie. »
– Andrés Solano