Critique :
Che, 1re partie : l'Argentin est une plongée fascinante et réaliste dans la révolution cubaine de 1959, menée par Ernesto "Che" Guevara et ses compagnons. À travers le prisme du cinéma de Steven Soderbergh, le film nous dépeint une histoire épique de lutte, d'idéalisme et de sacrifice, incarnée par un Benicio Del Toro tout simplement magistral.
Le choix de Soderbergh de filmer ce premier volet comme un reportage est un pari audacieux, mais brillant. En optant pour un style visuel à la fois granuleux et saturé de couleurs jaunes, presque vieillies, il parvient à insuffler un sentiment d'authenticité et de réalisme qui fait de ce film une expérience immersive. La caméra, souvent en format "pitté", avec des imperfections sur la pellicule, renforce l’idée d'un document historique brut et presque "live". L'alternance avec des séquences en noir et blanc dans des moments clés crée aussi un contraste intéressant, renforçant la tension et l'impact émotionnel de certaines scènes. Ce traitement visuel permet de rendre hommage à la vérité historique tout en offrant une atmosphère de plus en plus pesante, à l'image de la situation des guérilleros.
Mais ce qui marque véritablement le spectateur, c'est la prestation de Benicio Del Toro. L'acteur, dans la peau de Che, incarne à la perfection l'homme révolutionnaire, aussi impitoyable que humaniste. Son jeu est à la fois puissant et subtil, faisant ressortir toute la complexité du personnage. Il dégage une présence presque magnétique, sans jamais tomber dans l'excès ou le pathos. On ressent sa détermination, mais aussi ses doutes, sa foi en la révolution et son humanité. Del Toro n'imiterait pas simplement Guevara, il en ferait une figure à la fois universelle et profondément touchante.
Le film parvient également à rendre hommage à ceux qui luttent aux côtés du Che. Soderbergh n'hésite pas à multiplier les plans sur des personnages secondaires, des visages anonymes, parfois éphémères, mais essentiels à la dynamique de la guérilla. Ces scènes, parfois longues, apportent une dimension supplémentaire à l’œuvre, en soulignant l'unité de ce mouvement et en montrant que la révolution ne se réduit pas à un seul homme, même s'il incarne son visage le plus médiatisé.
Cependant, Che, 1re partie : l'Argentin souffre de quelques longueurs qui, par moments, ralentissent l'ensemble et peuvent nuire au rythme. Bien que le film soit relativement court (2 heures), certaines scènes semblent traîner en longueur, ce qui brise parfois l'intensité narrative et le souffle épique de l'œuvre. Cela peut donner l'impression que l'histoire piétine, même si chaque séquence a sa raison d'être.
En dépit de ces quelques longueurs, le film offre une expérience cinématographique saisissante et profondément enrichissante, aussi bien pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la révolution cubaine que pour les amateurs de cinéma en quête d'une œuvre ambitieuse. La bande originale, parfaitement choisie, accompagne cette fresque historique, tandis que le décor naturel des forêts cubaines et l'utilisation de l'espace par la caméra amplifient la sensation d'isolement et de danger constant qui marquait cette époque.
En conclusion, Che, 1re partie : l'Argentin est un film incontournable pour toute personne intéressée par la figure légendaire du Che, et plus largement par la lutte pour la liberté et l’égalité. C'est une œuvre poignante, profondément humaine et visuellement magnifique, qui saura captiver et bouleverser ses spectateurs, tout en leur offrant une réflexion sur la nature de la révolution et du sacrifice personnel.