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Toutankhamon, pharaon d'or sur un félin noir

La Rédaction


 Toutankhamon, pharaon d'or sur un félin noir…

En novembre 1922

, l'égyptologue britannique Howard Carter et son mécène, l'aristocrate Lord Carnarvon découvrent, dans le ouadi principal de la Vallée des Rois, la tombe de Toutankhamon. 



Avec ses quatre pièces couvrant à peine 110 m², la "KV 62" se révélera être l'un des plus petits hypogées de la nécropole… Mais le matériel funéraire qu'elle recèle se révélera être, lui,  d'une importance et d'une richesse incroyables ! 

Après deux années consacrées à vider l'antichambre et la chambre funéraire, Howard Carter et son équipe débutent, le 26 octobre 1926, le déblaiement de la "salle du trésor". C'est le nom qu'ils ont donné à cette petite pièce (4,75 x 3,80 m), située à l'extrémité nord du mur est de la chambre sépulcrale, qui leur apparaît contenir les objets les plus précieux. "Le sol était jonché de boîtes de toutes sortes surmontées de modèles de bateaux, le tout dominé par une image d'Anubis allongé sur une chapelle portable, suivie de la célèbre tête d'Hathor en bois doré, derrière laquelle se trouvait la chapelle contenant les vases canopes" (osirisnet.net).

Mais elle contient bien d'autres objets … Ainsi, le long du mur sud de la salle étaient entassés ce que Carter appela "ces sinistres naos et coffrets noirs"…  Ce sont en fait : "vingt-deux armoires en bois enduit de résine noire. Elles mesurent en moyenne moins d'un mètre de haut et moins de 30 cm de large et de profondeur. Leur toit est généralement incliné et présente sur le devant une corniche. Elles reposent sur un traîneau et sont munies de portes à double battant." Elles se révéleront contenir de magnifiques statues de bois doré de divinités ou du pharaon…

L'une d'elles, la 289 était la seule dont les sceaux étaient manquants et les portes ouvertes. Elle recelait deux statues, d'une hauteur de 85,6 cm, quasi identiques du roi, debout sur un félin noir, que Carter référença 289a et 289b.

Le corps du jeune souverain, réalisé en gesso doré, était enveloppé d'une toile de lin joliment nouée sous le cou et descendant jusqu'aux chevilles.

Représenté dans l'attitude de la marche, il porte la couronne blanche de Haute-Egypte ornée d'un uraeus frontal en bronze. Son fin visage est illuminé par de grands yeux en amande. Légèrement proéminents, ils sont incrustés de calcaire cristallin pour le globe oculaire et d'obsidienne pour l'iris. Cernés de bronze sombre, tout comme les sourcils qui les surmontent,  ils ne sont pas étirés d'une ligne de fard. Le nez est petit et la bouche aux lèvres pleines est menue, ce qui accentue l'aspect juvénile de l'expression.

Le cou, relativement long, est orné d'un ravissant collier ousekh qui couvre la poitrine et une partie des épaules. Les rangs sont délicatement travaillés, et l'on remarque notamment la finesse du dernier composé de perles en forme de gouttes.

Le roi porte le shendyt, le pagne royal  finement plissé. Il remonte haut dans le dos et descend aux mollets alors qu'à l'avant, agrémenté d'un ravissant devanteau, il s'arrête aux genoux. Les jambes sont fines et les pieds, chaussés de ravissantes sandales, reposent sur un socle rectangulaire verni à la résine noire.

"Il tient dans sa main droite un fléau royal et dans la gauche un long bâton. La figure et son piédestal reposent sur le dos d'un léopard, qui a été peint en noir à la résine. Des détails sur sa gueule ont été soulignés à l'or. Ses yeux, comme ceux du roi, sont incrustés" précise Zahi Hawass.

Le félin noir qui est assimilé soit à un léopard, soit à une panthère, est dans l'attitude de la marche et semble menaçant, prêt à bondir. Voici l'analyse subtile d'Abeer el-Shahawy : "Ce qui apparaît simplement comme une scène de chasse avait également une signification religieuse, identifiant le roi à la peau dorée comme le dieu solaire Rê. Le léopard noir représente le ciel nocturne. Le ciel avale le soleil, pour renaître chaque matin, hors du corps du ciel. Le roi à dos de léopard montre sa domination de la situation et met l'accent sur sa renaissance et sa résurrection. Il est comme le soleil qui renaît chaque jour".

Les deux représentations royales affichent quelques différences, comme par exemple le bâton qui est, pour l'une, muni d'une corolle au niveau de la prise en main… Mais ce qui est plus flagrant réside dans le "traitement" du corps comme le précise Nicholas Reeves : "la statuette qui représente le roi debout sur un léopard (n° 289b) diffère à de nombreux égards de sa 'jumelle" (n° 289a), qui a pourtant la même taille mais qui, avec ses seins et ses hanches basses paraît avoir à l'origine représenté une femme. Il ne faut cependant pas oublier l'influence amarnienne"… 

Il estime que cette statue était préparée pour la tombe thébaine d'Akhenaton et, en cela, il est rejoint par Silvia Einaudi : "On peut donc supposer que l'œuvre fut exécutée pour Akhenaton, d'autant que les inscriptions relevées sur les morceaux de lin qui enveloppaient la statue, ne laissant apparaître que le visage, datent de la troisième année du règne de ce pharaon".

Pour Florence Quentin : "Il est quasiment certain que la royale personne au léopard représente non pas le jeune souverain inhumé ici, mais une reine, avec les attributs du pouvoir de celle qui a régné sur l'Egypte avant Toutankhamon, sa sœur aînée Merytaton".

Les deux statues Carter 289a - 289b ont été enregistrées au Journal des Entrées du Musée égyptien du Caire JE 60714 et JE 60715. C'est là que, le 28 janvier 2011, l'une d'entre elles sera victime du saccage perpétré lors des sombres jours de la révolution. Elle ne sera pas volée, mais renversée à terre et douloureusement vandalisée. Elle a, depuis, fait l'objet d'une restauration soignée qui a guéri ses plaies…

Elles seront toutes les deux, bientôt, exposées au GEM - Grand Egyptian Museum - de Guizeh…

marie grillot


Illustration : Statue de Toutankhamon debout sur un félin noir - bois doré, gesso, résine, cuivre -  XVIIIe dynastie - provenant de la tombe de Toutankhamon (KV 62) découverte en novembre 1922 par Lord Carnarvon et Howard Carter

Carter 289a - JE 60715 et Carter 289b (bâton avec corolle et seins marqués) - JE 60714 - GEM 11552 - photo du musée


sources de l'article et illustrations complémentaires sur egyptophile : https://egyptophile.blogspot.com/2022/04/toutankhamon-pharaon-dor-sur-un-felin.html

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