Uluç Ali Paşa est un Italien « renégat », devenu sujet, puis officier corsaire dans la régence d'Alger, dans la hiérarchie duquel il atteint les sommets : il est nommé beylerbey d'Alger de 1568 à 1571, puis capitan pacha(« amiral de la flotte », kapudan paşa) de la marine ottomane au xvie siècle. |
Histoire:
Le commerce des esclaves existant en Afrique du Nord depuis l’Antiquité se poursuivit à l’époque médiévale. Le contrôle politique d'une partie de la région par l’Empire ottoman au xvie siècle renforça l’influence des Barbaresques déjà existante depuis le treizième siècle, augmentée par l’afflux de réfugiés morisques expulsés d’Espagne après la Reconquista. La protection ottomane (à Alger, Tunis et Tripoli), ou chérifienne (au Maroc), et le grand nombre d’immigrants augmentèrent rapidement la réputation de piraterie de la côte, qui saisissait les équipages des navires européens pour les réduire en esclavage ou les rançonner.
La plupart des capitaines des galères de course n'étaient pas des Maghrébins mais, en très large majorité, des Européens convertis à l'islam (renégats) et des Turcs. Ainsi dans un état de la marine d'Alger en 1588, donné par Pierre Dan dans son Histoire de Barbarie et de ses corsaires, celle-ci était européenne pour moitié au moins et se composait alors, outre quelques frégates, de trente cinq galères dont vingt appartenaient à des renégats européens majoritairement italiens. Parmi les plus célèbres de ces renégats, on trouve le Calabrais Uluç Ali Paşaau xvie siècle ou encore le Vénitien Ali Bitchin, l’Anglais Jack Ward et le Néerlandais Jan Janszoon au xviie siècle.
Le grand nombre de Britanniques capturés par les Barbaresques est proportionnel à leur grande activité maritime. Entre 1609 et 1616, l’Angleterre à elle seule perdit 466 navires marchands aux pirates barbaresques. Ce phénomène donna naissance, au xviie siècle, aux récits de captivité, largement publiés et lus, en tant que forme littéraire. Parmi les écrivains célèbres à avoir été capturés et vendus comme esclaves par les Barbaresques, Cervantes et Jean-François Regnard, l’auteur du Légataire universel. On peut également citer saint Vincent de Paul, capturé en 1605 au large d’Aigues-Mortes et évadé, après deux années d'esclavage, de Tunis avec son maitre qu’il aurait persuadé de retourner au christianisme. La capture des navires et la réduction en esclavage de leurs équipages par les pirates barbaresques a perduré jusqu’à la colonisation au xixe siècle.
Au milieu du xviie siècle, une révolte ayant réduit le pouvoir des pachas ottomans à un rôle de figurant, les villes de Tripoli, d’Alger, de Tunis et d’autres devinrent indépendantes de facto. L’absence d’autorité centrale forte et de cadre juridique contribua à asseoir l’influence des pirates, dont les raids destinés à se procurer des esclaves avaient lieu dans les villes et villages du littoral atlantique africain, ainsi qu’en Europe même. Les rapports mentionnent des raids barbaresques et des enlèvements de personnes en Italie, Espagne, France, Portugal, Angleterre, Pays-Bas, Irlande, Écosse et jusqu’en Islande, entre les xvie et xviiie siècles.
Parmi les relations de razzias barbaresques les plus connues, on compte une mention dans le journal de Samuel Pepys, le tristement célèbre sac de Baltimore, un village côtier d’Irlande, au cours duquel les pirates emmenèrent toute la population de la localité ou les enlèvements turcs en Islande, expédition au cours de laquelle 400 Islandais furent emmenés en captivité à Alger. Ces deux expéditions furent menées par le renégat néerlandais Jan Janszoon, alias « Mourad Raïs le Jeune », à la tête de corsaires hollandais, salétins, algérois et turcs ottomans de la République de Salé. Les raids dans la Méditerranée étaient si fréquents et si dévastateurs que le littoral entre Venise à Malaga[10] subit un exode généralisé et que l’installation dans ces régions était découragée, à tel point que l'on a pu dire que c’était en grande partie parce que « il n’y avait plus personne à capturer pour longtemps ». La puissance et l’influence de ces pirates fut telle, à l’époque, que certaines nations, dont les États-Unis payaient un tribut pour éviter leurs attaques.
Certains prisonniers des barbaresques ont pu obtenir de grandes richesses et des biens, avec un statut supérieur à celui d'esclave. Par exemple, James Leander Cathcart, un Américain qui a atteint la plus haute position qu'un esclave chrétien pouvait réaliser dans la régence d'Alger, devenant conseiller du Dey d'Alger (gouverneur), ou encore Hark Olufs, un Danois devenu trésorier du Bey de Constantine, commandant des gardiens du palais du bey, puis commandant en chef de la cavalerie locale du Beylik de l'Est.
Robert Davis, professeur d’histoire à Ohio State University. estime que, du début du xvieau milieu du xviiie siècle, les seuls marchands d’esclaves de Tunis, d’Alger et de Tripoli ont réduit de 1 million à 1 250 000 chrétiens européens en esclavage en Afrique du Nord (ces chiffres ne prennent pas en compte les Européens asservis par le Maroc et par les autres raiders et esclavagistes de la côte méditerranéenne).
Cependant, ces chiffres ont été réfutés par d'autres historiens, tels que David Earle, auteur de The Corsairs of Malta et de Barbary and The Pirate Wars, qui a déclaré que le professeur Davis avait peut-être commis une erreur en extrapolant la période de 1580 à 1680, parce que c'était la période d'esclavage la plus intense, en estimant à 8 500 esclaves par an le renouvellement des esclaves soit 850 000 pour le siècle : « Ses chiffres semblent un peu douteux et je pense qu'il peut exagérer ». Le professeur Ian Blanchard de l'Université d’Édimbourg trouve pour sa part le chiffre d'un million d'esclaves comme possible.
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