Notre petite revue, gratuite et indépendante, fait du bruit grâce à vous ! Soutenez-nous, car même les petites étincelles peuvent allumer de grandes idées🚀 Soutenir!

Algérie. Femme, ta place est à la maison

La Rédaction
   Auteur Nourhan.S
Après 20 heures, une femme peut-elle circuler tranquillement dans les rues de la capitale sans se faire importuner, sans être mal vue, sans ressentir tous les regards malveillants peser sur elle ? Pour avoir vécu l’expérience, je crois que la réponse est non. Se balader seule à Alger la nuit, sans être escortée par un “mâle”, est une épreuve douloureuse.
Je parle en connaissance de cause parce qu’il y a de cela trois jours j’ai pris le métro à la station Haï El-Badr pour descendre à la Grande Poste, où je devais rencontrer ma cousine, chez qui je m’apprêtais à passer la nuit [Haï El-Badr-Tafourah (Grande Poste), ligne 1, mise en service le 1er novembre 2011 et comprenant dix stations ; des extensions sont prévues, mais pour le moment c’est la seule section qui soit exploitée]. Je m’étais habillée de façon très correcte : robe ample de couleur beige, assortie d’un gilet qui couvrait mes bras et d’une écharpe, cheveux noués, gloss très discret sur les lèvres, à peine maquillée.

“Tu n’as pas peur de te balader toute seule à cette heure ?”

Mais il suffit d’être une femme pour que les hommes remarquent votre présence et vous harcèlent. A la station Haï El-Badr, je prends mon ticket et file précipitamment pour ne pas rater le métro, qui se trouve déjà à quai. Peine perdue, je n’ai pas été suffisamment rapide. Contrainte d’attendre à la station, je remarque que je suis seule. Il n’est pourtant que 19 h 45. A ce moment-là, je vois un jeune homme portant l’uniforme de policier.
Arrivé à mon niveau, il me lance, sans aucune hésitation : “Tu n’as pas peur de te balader toute seule à cette heure ? Fais attention, tu risques de te faire agresser.” “Ah bon, et vous faites quoi entre-temps, vous qui êtes censé assurer ma protection ?” réponds-je ironiquement. “Ben, je ne peux pas me porter garant des autres. On est en Algérie et une femme seule à cette heure, c’est très mal vu et risqué”, réplique-t-il.
Je rétorque : “Pardon, monsieur, je ne savais pas qu’on était en Inde ou en Egypte, où les femmes peuvent être violées en plein jour. Je croyais qu’à Alger on était plus en sécurité.”

Je me sens mise à nu

Le jeune homme décide alors de me rassurer, mais il n’hésite pas à me demander mon numéro de téléphone, me trouvant assez jolie fille. Le métro arrive, je m’installe et là je constate qu’il n’y a absolument aucune femme. Les deux seules représentantes de la gent féminine, qui sont montées à la station Amirouche, sont escortées par un homme, tandis que moi je suis seule. Lorsque j’arrive à El-Hamma, un groupe de jeunes adolescents se met à me harceler. Même si ces jeunes ne m’ont pas agressée physiquement (Dieu merci !), leurs regards malveillants en disaient long.
Je me sens mise à nu par leurs regards indiscrets, accusateurs, harceleurs, culpabilisants. Au moment où je m’apprête à descendre, un homme d’âge mûr, qui m’a dragué tout au long du trajet, me dit que je n’ai rien à faire dehors à cette heure et que ma place est à la maison. Oui, bien sûr, dans la mentalité algérienne, une femme doit rester enfermée à la maison pour préparer la popote et s’occuper des enfants.

Ils ont cru que j’étais une catin

Le métro arrive enfin à destination et je descends pour me rendre à la Grande Poste. Là, deux hommes m’interpellent et me demandent combien je prends pour offrir mes services. C’en est trop. Je suis rouge de colère, mais je ne peux pas riposter.
Ils ont cru que j’étais une catin à la recherche de clients. Voilà donc comment on perçoit une femme en Algérie juste parce qu’elle se trouve dans la rue après 20 heures. Un autre homme plus loin me demande de ne pas avoir peur, car il a bien vu que je flippais à l’idée de marcher sur le même trottoir que lui. De quelle égalité parle-t-on quand on n’a même pas le droit de sortir se balader dehors ?
De quelle égalité parle-t-on quand une femme est considérée comme une p… juste parce qu’elle est sortie dans la rue le soir, sans être accompagnée par un homme ? Une chose est sûre, la femme n’est pas la bienvenue dans l’espace public en Algérie la nuit.

par Nourhane S.
publié 22 septembre 2014 ALGERIE FOCUS

Getting Info...
Consentement Cookie
Nous utilisons des cookies 🍪 sur ce site pour analyser le trafic, mémoriser vos préférences et optimiser votre expérience.
Oops!
It seems there is something wrong with your internet connection. Please connect to the internet and start browsing again.
AdBlock Detected!
Salut super-héros de la navigation ! 🚀 On a détecté ton super-pouvoir anti-pubs, mais notre site a besoin de tes super-pouvoirs pour briller. 🌟 Peux-tu le mettre sur la liste blanche de ton plugin ? Ensemble, on sauve l'internet ! 🌐💥 Merci, héros ! 🙌 #TeamAwesome
Site is Blocked
Oops ! Désolé ! Ce site n'est pas disponible dans votre pays. 🌍😔
-->