
Avril est le mois des anniversaires, celui de Sabrina, du Printemps amazigh, mais aussi celui du 15, jour où le Président s’installait en 1999 sur le fauteuil royal pour ne plus le lâcher. 18 ans plus tard, l’âge de la majorité, que peut-on en dire ? A sa charge, une économie encore au stade de promesses, une restriction des libertés inversement proportionnelle à l’explosion de la corruption, 5 frontières avec les voisins sur 6 fermées, un pouvoir d’achat proche du néant avec une monnaie sans valeur et une fuite massive de cerveaux.
A sa décharge, une relative stabilité, des islamistes pacifiés mais toujours en embuscade, des infrastructures diverses et, comme le soutient Ould Abbès le moudjahid, «16 millions de logés», ce qui est difficile à croire car avec ce chiffre, le prix de l’immobilier à l’achat, à la location aurait dû considérablement baisser, ce qui n’est pas le cas. A moins que l’on parle de loger les millions de suspects d’une Algérie qui a réussi son programme de construction de prisons modernes mais pas celui, si jamais il en a été question, d’hôpitaux modernes. Résultat, les malades meurent dehors ou, quand ils sont en bonne santé, tombent malades en prison, car jamais depuis la colonisation on a arrêté autant d’Algériens en dehors de la période du terrorisme, la liste étant si longue qu’on ne pourrait la caser que dans un gros livre. Facebookers d’humoristes, dénonceurs et lanceurs d’alerte, pendant que Bouhafs croupit en prison pour une supposée atteinte à l’islam et Fekhar va mourir dans sa cellule, tout comme Talmat avant lui, sans que l’on sache de quoi il est accusé. En haut lieu, c’est la technique du savon liquide, on s’en lave les mains sans toucher le savon, «ce n’est pas nous» ; les bonnes choses, c’est Fakhamatouhou, les mauvaises sont l’émanation de zélés imbéciles ou d’une société chaotique. Ave César, morituri te salutant, ce qui veut dire en romain, la langue des Roma ouala ntouma, ceux qui vont mourir te saluent. Sana hilwa.

caricature Ahmed Medjani