Perdu dans l’immensité aride du désert d’Al-Mahra, à l’est du Yémen, le puits de Barhout fascine l’humanité depuis des siècles. Ce gouffre colossal, estimé à plusieurs millions d’années, s’ouvre dans la roche comme une bouche sombre de 30 mètres de diamètre pour plonger à plus de 100 mètres de profondeur. Depuis toujours, il nourrit les récits les plus saisissants, oscillant entre superstition et émerveillement.
Un lieu où les légendes ont longtemps remplacé la science
Dans l’imaginaire populaire, Barhout n’était pas un simple phénomène naturel : c’était le « puits de l’enfer », un abîme où l’on disait que les esprits étaient enfermés, un lieu que même la lumière semblait redouter. Les habitants évoquaient des murmures, des odeurs mystérieuses et une obscurité réputée hostile. Pendant des siècles, peu osaient s’en approcher, encore moins y descendre.
Une merveille géologique façonnée par l’eau et le temps
Les études modernes ont finalement percé le mystère. Le puits de Barhout n’a rien de surnaturel : il s’agit d’un gigantesque effondrement karstique, formé par la lente dissolution du calcaire par les eaux souterraines. Au fil des millénaires, des cavités se sont creusées sous la surface jusqu’à s’affaisser, ouvrant ce gouffre monumental.
Lorsque des explorateurs et scientifiques ont réussi à y descendre récemment, la découverte fut tout autre qu’une vision d’enfer :
des stalagmites impressionnantes, des cascades glissant sur les parois, des créatures adaptées à l’obscurité, dont certaines espèces rares,et un silence minéral presque sacré.
Ce qu’ils ont trouvé ressemblait davantage à une cathédrale souterraine qu’à une antre maudite.
Beauté cachée sous les sables
Aujourd’hui, le puits de Barhout apparaît comme un symbole : celui d’un monde où les légendes naissent de la peur de l’inconnu, mais où la science révèle souvent une réalité encore plus étonnante.
Dans son cœur immobile et silencieux, ce gouffre millénaire rappelle que les lieux les plus redoutés peuvent receler les plus grandes merveilles, patientes et discrètes, sculptées par la nature loin des regards.
Un « puits de l’enfer », peut-être — mais surtout l’un des trésors les plus intrigants de la péninsule arabique.

