Au cœur du Moyen Âge, alors que l'Europe sombre dans l'obscurantisme, la médecine musulmane connaît un âge d'or, particulièrement dans le domaine de l’optique et de l’ophtalmologie. Des savants brillants explorent les mystères de la vision, perfectionnent les verres optiques, et décryptent le fonctionnement complexe de l’œil humain. Ils héritent du savoir grec et perse, mais vont bien plus loin, posant les fondations de l’ophtalmologie moderne.
Parmi ces pionniers, un nom se distingue : Abu al-Qāsim ʿAmmār al-Mawṣilī, ophtalmologue de renom et inventeur de génie. Vivant sous le règne du calife fatimide al-Ḥākim au tournant de l’an mille, il rédige un ouvrage devenu référence : Kitāb al-Muntakhab fī Ilm al-ʿAyn – Le Livre de choix en ophtalmologie.
Mais c’est surtout une invention audacieuse qui inscrira son nom dans l’histoire : la seringue. Face à l’un des fléaux visuels les plus courants de l’époque, la cataracte, ʿAmmār al-Mawṣilī imagine un procédé révolutionnaire. Il conçoit un instrument à tige métallique creuse, capable d’aspirer délicatement le cristallin opacifié de l’œil. Une première dans l’histoire de la chirurgie.
Lors d’une opération expérimentale, il utilise cet outil novateur pour retirer la cataracte d’un patient volontaire. L’intervention est un succès. Rapidement, la nouvelle se répand, et des patients affluent de toute l’Égypte pour bénéficier de cette technique avant-gardiste. Selon ses propres écrits, ʿAmmār aurait pratiqué cette opération sur de nombreux patients jusqu’à la fin de sa vie.
Son invention, ancêtre directe de la seringue moderne, dépassera largement le cadre de l’ophtalmologie. Elle deviendra, au fil des siècles, un instrument incontournable dans tous les domaines de la médecine.
Un rappel précieux que certaines des plus grandes avancées de la science trouvent leurs origines dans des civilisations souvent oubliées par les récits occidentaux.