Derrière l’économie numérique mondiale se cache une base solide de logiciels open source — des programmes libres et accessibles à tous. Ces outils sont essentiels à l’infrastructure numérique, même s’ils restent souvent invisibles du grand public.
Par exemple, la majorité des sites web dans le monde fonctionnent grâce à Apache et Nginx, deux serveurs web open source réputés pour leur robustesse et leur fiabilité. Les serveurs informatiques — qui hébergent tout, des réseaux sociaux aux services de streaming — sont, pour la plupart, propulsés par Linux, un système d’exploitation libre. Ce même Linux est également au cœur du système Android, utilisé par des milliards de smartphones dans le monde. Autre exemple : Kubernetes, une technologie essentielle pour la gestion des services en cloud, est également un projet open source.
Ces logiciels sont constamment améliorés, non pas par une seule entreprise, mais par une communauté mondiale de développeurs bénévoles ou salariés, issus d’entreprises comme Google, Red Hat, ou encore des instituts de recherche. Leur nature ouverte favorise l’innovation, la transparence, la sécurité et l’adaptabilité.
Le virage open source de la Chine
Ce qui surprend aujourd’hui, c’est que la Chine — État connu pour son autoritarisme numérique et sa censure stricte — adopte à son tour une stratégie d’ouverture en matière de logiciels. Depuis quelques années, des géants chinois comme Huawei, Alibaba et Baidu publient eux aussi des projets open source.
Par exemple :
- Alibaba a rendu public PolarDB, son système de gestion de base de données conçu pour le cloud.
- Huawei développe et diffuse OpenEuler, un système d’exploitation basé sur Linux.
- Baidu a contribué au développement de PaddlePaddle, une plateforme open source d’intelligence artificielle concurrente de TensorFlow (Google) et PyTorch (Meta).
Cette stratégie soulève un paradoxe : comment un État aussi centralisé et contrôlé peut-il s’investir dans un modèle aussi collaboratif et décentralisé ?
Intérêts stratégiques
Loin d’être un simple acte de générosité, cette ouverture sert plusieurs objectifs :
- Réduire la dépendance aux technologies américaines, dans un contexte de tensions géopolitiques (notamment avec les sanctions contre Huawei).
- Améliorer son image technologique à l’international en participant activement à l’innovation mondiale.
- Attirer des talents : les développeurs sont plus enclins à rejoindre des projets open source qu’à travailler sur des solutions entièrement fermées.
- Imposer des standards chinois dans le futur de l’infrastructure numérique mondiale, notamment dans les pays émergents..