Combien de fois ça vous est arrivé ? Vous parlez d’un sujet ou d’un service, et soudain, votre fil d’actualité se remplit de publicités sur ce même produit ? 😳 Vous vous dites : « Est-ce que je suis écouté ? » 🤔
Il y a longtemps qu’on nous le dit : nos smartphones nous écoutent. Mais beaucoup d'entre nous préféraient écarter cette idée, la considérant comme une théorie du complot. Pourtant, une récente fuite vient confirmer ce que nous redoutions le plus. Cox Media Group, un géant des médias américains, a révélé dans un document de présentation destiné à ses clients qu’il utilise l’intelligence artificielle pour analyser nos conversations captées par les micros de nos smartphones, tablettes et assistants vocaux connectés. Cette technologie, nommée « Écoute active », vise à cibler les publicités en fonction de nos discussions privées.
Un secret de polichinelle enfin dévoilé
Le site 404 Media a mis la main sur ce fameux document, confirmant l'existence d’un outil qui capte et analyse nos conversations en temps réel. L’objectif ? Mieux cibler les consommateurs avec des publicités ultra-personnalisées. Ce scénario, digne d’un roman de science-fiction, suscite de vives inquiétudes quant à notre vie privée.
Le pitch deck de Cox Media Group ne laisse aucun doute : l'entreprise affirme pouvoir « capturer des données d'intention en temps réel en écoutant nos conversations ». En d'autres termes, l'outil utilise l’intelligence artificielle pour analyser les enregistrements audio capturés par les micros de nos appareils. Ces données vocales sont ensuite croisées avec notre comportement en ligne pour identifier les consommateurs « prêts à acheter ». Cox Media Group se vante même de pouvoir collecter et analyser des données provenant de plus de 470 sources différentes.
Une fois les profils utilisateurs établis, l’entreprise génère des listes de cibles publicitaires localisées dans un rayon de 15 à 30 kilomètres. Ces listes sont ensuite vendues aux annonceurs, qui diffusent leurs publicités sur divers canaux tels que la télévision en streaming, l’audio, les réseaux sociaux et les moteurs de recherche. Ce service est facturé à hauteur de 100 dollars par jour pour un ciblage dans un rayon de 10 miles, et 200 dollars pour 20 miles. Un business lucratif que Cox Media Group affirme légal, arguant que les utilisateurs acceptent d’être écoutés en validant les conditions d’utilisation des applications – des conditions que bien peu d’entre nous prennent le temps de lire.
Les géants de la tech dans l'embarras
Pour ajouter à la controverse, Cox Media Group n’a pas hésité à mentionner ses partenariats avec des géants de la tech tels que Facebook, Google, et Amazon dans son pitch deck. La réaction de ces entreprises ne s’est pas fait attendre. Google a immédiatement retiré CMG de son programme de partenaires publicitaires, affirmant que « tous les annonceurs doivent se conformer aux lois et réglementations applicables ainsi qu'aux politiques Google Ads ». Une manière claire de se distancer de pratiques potentiellement illégales.
Amazon, de son côté, a également démenti toute collaboration : « Amazon Ads n’a jamais travaillé avec CMG sur ce programme et n’a pas l’intention de le faire », a déclaré un porte-parole. Meta, maison mère de Facebook, a quant à elle choisi des mots soigneusement pesés, soulignant que le document présente Meta comme un « partenaire marketing général » et non spécifique au programme d'écoute active. Meta a toutefois indiqué qu’elle examinerait si CMG viole ses conditions de service.
Les pratiques de Cox Media Group mettent en lumière les dérives potentielles de l’utilisation de nos données personnelles et soulèvent des questions sur la légalité et l’éthique de ces méthodes de ciblage publicitaire. Alors que les géants du numérique sont de plus en plus surveillés par des régulations telles que le DSA (Digital Services Act), cette affaire pourrait bien marquer un tournant dans la protection de notre vie privée face aux technologies intrusives.
Par Aghilas AZZOUG