Les erreurs des pseudo-experts techniques exposées.
À l'instar de la période de la Covid, les médias regorgent de commentaires de pseudo-experts qui s'épanchent sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas. Prenons l'exemple des récents reportages sur les explosions au Liban. Une analyse du Parisien met en avant des inexactitudes flagrantes. Pourtant, certains des intervenants, comme l'ex-directeur Marketing & Stratégie de Thomson, devraient mieux connaître ces sujets techniques. Clarifions ce qui est faux et ce que l’on sait vraiment.
Ce qui est faux :
Modification logicielle :
Les pagers et talkies-walkies ne sont pas comparables à des smartphones. Leur logiciel n’est pas modifiable à distance car il est gravé dans une puce spécialisée (ASIC), et non stocké dans une mémoire classique gérée par un microprocesseur et un système d’exploitation. Les modifications logicielles évoquées sont donc techniquement impossibles sans une intervention physique sur le matériel.
Charge explosive reliée au microprocesseur :
Il est techniquement incorrect de relier un détonateur directement à un microprocesseur. Les composants numériques, comme les puces spécialisées, fonctionnent avec des bus à 4 ou 8 fils, tandis que les détonateurs, composants analogiques, utilisent généralement 2 fils . Il faudrait donc obligatoirement un convertisseur numérique-analogique soudé sur le circuit imprimé pour que cette connexion soit plausible.
Batteries au lithium :
Les appareils mentionnés utilisent en réalité des batteries plus anciennes de type Ni-Cd (Nickel-Cadmium) ou Ni-Mh (Nickel-Metal Hydride), et non des batteries au lithium comme prétendu.
Ce que l'on sait vraiment :
Les pagers AR-924) :
Ces pagers de la marque taïwanaise Gold Apollo ne sont plus fabriqués aujourd'hui. Ce modèle, autrefois utilisé, est devenu obsolète.
Les talkies-walkies IC-V82 :
Fabriqués par la société japonaise Icom, les talkies IC-V82 ne sont plus en production depuis 2014. Ce sont des appareils robustes, mais limités en portée.
Contexte d’achat :
Le Hezbollah a acquis ces appareils (pagers et talkies-walkies) par l’intermédiaire de Bac Consulting, une société-écran basée en Hongrie. Ils contenaient des quantités infimes d’explosif PETN, un explosif puissant souvent utilisé dans des charges miniaturisées.
Nature du PETN :
Le PETN est souvent présenté sous la forme de fins bâtonnets pouvant être déclenchés électriquement. Ce type de dispositif est extrêmement dangereux et nécessite des précautions minutieuses dans sa manipulation et son intégration.
Fonctionnement des pagers et talkies-walkies :
Pagers : des récepteurs unidirectionnels
Les pagers AR-924 sont des appareils simples, ne faisant que recevoir des messages sur un réseau dédié de type radio. Équipés d’un afficheur, ils intègrent une puce spécialisée et opèrent à une fréquence de 450 / 470 MHz. Dans un contexte comme celui du Liban, ces appareils pourraient être pilotés à distance uniquement si des modifications matérielles importantes étaient apportées.
Talkies-walkies : des émetteurs-récepteurs bidirectionnels
Contrairement aux pagers, les talkies-walkies IC-V82 fonctionnent en autonomie complète, sans connexion à un réseau centralisé. Leur portée, limitée à 3 à 7 km, est due à la faible puissance de leur émetteur. Le pilotage à distance serait impossible sans l’ajout d’un réseau dédié et de cartes électroniques spécialisées.
Hypothèses sur les modifications possibles :
Modification totale de l’électronique :
Il est possible que l’électronique des pagers et talkies-walkies ait été entièrement modifiée. Dans ce cas, les produits livrés par les fabricants ne seraient pas conformes aux spécifications initiales.
Batteries factices :
Les appareils auraient pu être livrés avec des batteries factices. Ces faux boîtiers, imitant les batteries, pourraient contenir une pile bouton, une charge explosive, ainsi qu’un récepteur ultra-miniaturisé permettant une activation à distance.
Ces solutions, bien que réalisables, représentent un défi technique important.
Les conflits modernes reposent en grande partie sur l’ingénierie électronique. Sans une compréhension fine des technologies utilisées, les analyses médiatiques s’embourbent dans des erreurs flagrantes. La précision et l’expertise restent indispensables pour décrypter ces situations complexes. CQFD.
Texte basé sur les informations et les explications de Yves Stébé
Les conflits modernes reposent en grande partie sur l’ingénierie électronique. Sans une compréhension fine des technologies utilisées, les analyses médiatiques s’embourbent dans des erreurs flagrantes. La précision et l’expertise restent indispensables pour décrypter ces situations complexes. CQFD.
Texte basé sur les informations et les explications de Yves Stébé