Après des mois d’anticipation, les entreprises chargées de déployer la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans le cadre de la loi des Jeux Olympiques ont finalement été désignées. Cependant, cette sélection n'a pas manqué de soulever des interrogations quant à ses implications sur les libertés individuelles et la normalisation de la surveillance de masse.
Un grand marché juteux
Depuis la validation du cadre législatif permettant l'utilisation de la VSA en temps réel, un appel d'offres a été lancé pour sélectionner les entreprises en mesure de fournir ces services. Parmi les critères clés, figuraient les situations et comportements "suspects" que les logiciels devaient être capables de détecter. Ces critères, définis après le vote de la loi, ont été formalisés par décret.
Ces critères, au nombre de huit, couvrent une gamme allant de la détection de personnes au sol à la détection d'objets abandonnés. Cependant, de nombreux observateurs soulignent que bon nombre de ces comportements semblent être des situations banales plutôt que des activités véritablement suspectes. Malgré cela, le coût de cette acquisition pour le contribuable est estimé à 8 millions d'euros.
L'efficacité pas encore prouvé
L'évaluation de l'efficacité et de l'impact de cette expérimentation sera confiée à un comité divisé en deux collèges distincts : les utilisateurs de la VSA et des personnalités qualifiées. Cependant, il est à craindre que cette évaluation soit davantage axée sur des critères pragmatiques et opérationnels, tels que le nombre de cas détectés ou d'interpellations, plutôt que sur une analyse approfondie de son impact sur les libertés individuelles.
Il est également à noter que cette expérimentation ne se limite pas aux Jeux Olympiques mais s'étend à tout événement récréatif, sportif et culturel jusqu'en mars 2025. Cette durée prolongée soulève des préoccupations quant à la normalisation de la surveillance de masse dans la société.
Un terrain propice à la coopération public-privé dans la surveillance
Le processus de sélection des entreprises pour cette expérimentation révèle également une implication croissante du secteur privé dans les politiques de sécurité publique. Le rôle de la Depsa, chargée de stimuler et influencer le marché privé de la sécurité, soulève des questions quant à la priorité accordée aux intérêts commerciaux par rapport aux préoccupations de sécurité publique.
L'avenir !?
Alors que les expérimentations de la VSA vont bientôt débuter, il est essentiel que le public reste vigilant et critique à l'égard de cette technologie. La transparence quant à l'emplacement et à la nature de la surveillance mise en place est cruciale pour permettre un débat éclairé sur son utilisation. Il est impératif que la société civile reste mobilisée pour s'opposer à la normalisation de la surveillance de masse et défendre les libertés individuelles.
En conclusion, l'expérimentation de la VSA dans le cadre des Jeux Olympiques soulève des questions essentielles quant à l'équilibre entre sécurité publique et respect des libertés individuelles. Il est crucial que cette expérimentation soit menée de manière transparente et évaluée de manière approfondie afin d'éviter une normalisation dangereuse de la surveillance algorithmique dans notre société.
par Aghilas AZZOUG