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La fin de l’innocence

La RĂ©daction


 Il y a parfois comme ça des moments de vĂ©ritĂ© : « Le poisson pourrit par la tĂȘte » a ainsi dĂ©clarĂ© Gabriel Attal en se jetant sur la derniĂšre fabrication du camp du soutien inconditionnel — c’Ă©tait Ă  Sciences-Po. Miracle d’un propos vrai dans une bouche d’ordinaire trĂšs pleine de contrevĂ©ritĂ©s ou bien de francs mensonges. Que le poisson pourrisse par la tĂȘte, c’est mĂȘme deux fois vrai. Car on peut d’abord entendre la tĂȘte en un sens mĂ©taphorique : la tĂȘte, ce sont les dirigeants et plus gĂ©nĂ©ralement les dominants — et Ă  cet Ă©tage, en effet, la pourriture est dĂ©sormais partout. Mais on peut aussi l’entendre en un sens mĂ©tonymique : la tĂȘte : comment ça pense — dans l’Ă©vĂ©nement ; la tĂȘte : les opĂ©rations de pensĂ©e, et en l’occurrence plutĂŽt le dĂ©rĂšglement des opĂ©rations de pensĂ©e — en fait : l’effondrement des normes qui sont supposĂ©es les gouverner.


Ici, l’effondrement des formes de l’argumentation n’est pas imputable Ă  la bĂȘtise pure (qui fait rarement une bonne hypothĂšse) : il est imputable Ă  la bĂȘtise intĂ©ressĂ©e. Les intĂ©rĂȘts matĂ©riels dĂ©terminent, mĂȘme si c’est par une mĂ©diation trĂšs Ă©tirĂ©e (jusqu’Ă  en ĂȘtre mĂ©connaissable), des intĂ©rĂȘts de pensĂ©e, ou disons des inclinations Ă  penser comme ceci et Ă  interdire de penser comme cela. C’est ici mĂȘme que la tĂȘte pourrie du poisson articule ses deux sens : la violence du front bourgeois (c’Ă©tait la mĂ©taphore) dĂ©chaĂźnĂ©e dans l’imposition de ses formes de pensĂ©e (c’Ă©tait la mĂ©tonymie).

Comment se fait-il en effet que la bourgeoisie de pouvoir soit ici dĂ©gondĂ©e comme elle ne le serait mĂȘme pas Ă  propos de fiscalitĂ© ou de temps de travail ? D’oĂč vient que cet Ă©vĂ©nement international ait une rĂ©sonance aussi puissante dans les conjonctures nationales de classes ? Car les bourgeoisies occidentales sont viscĂ©ralement du cĂŽtĂ© d’IsraĂ«l. Les bourgeoisies occidentales considĂšrent que la situation d’IsraĂ«l est intimement liĂ©e Ă  la leur, liaison imaginaire, Ă  demi-consciente qui, bien plus qu’Ă  de simples affinitĂ©s sociologiques (entre start-up nations par exemple), doit souterrainement Ă  un principe de double sympathie, lui parfaitement inavouable : sympathie pour la domination, sympathie pour le racisme — qui est peut-ĂȘtre la forme la plus pure de la domination, donc la plus excitante pour les dominants. Deux sympathies qui se trouvent exaspĂ©rĂ©es quand la domination entre en crise : crise organique dans les capitalismes, crise coloniale en Palestine, c’est-Ă -dire quand les dominĂ©s se soulĂšvent de n’en plus pouvoir, et que les dominants sont prĂȘts Ă  l’Ă©crasement pour rĂ©affirmer.


Cependant, il y a plus encore, bien plus profond et p« Innocence », auteur inconnu, XIXe siĂšcle. BibliothĂšque du CongrĂšs des États-Unislus fascinant pour les bourgeoisies occidentales – je dois cette idĂ©e Ă  Sandra Lucbert, qui a vu ce point prĂ©cis en Ă©laborant le mot que je crois dĂ©cisif : innocence. Le point de fascination de la bourgeoisie occidentale, c’est l’image d’IsraĂ«l comme figure de la domination dans l’innocence, c’est-Ă -dire comme « point fantasmatique rĂ©alisĂ© » (1). Dominer sans porter la souillure du Mal est le fantasme absolu du dominant. Car « dominer en Ă©tant innocent est normalement un impossible. Or IsraĂ«l rĂ©alise cet impossible ; et en offre le modĂšle aux bourgeoisies occidentales » (2).


« Je suis innocent, je suis ontologiquement innocent et cela vous n’y pouvez rien » crie dans un tout autre contexte Pierre Mais, solidaritĂ© pour le pire oblige, l’heure des comptes symboliques s’apprĂȘte Ă  sonner pour tout le monde, notamment pour cette entitĂ© qui se fait appeler l’Occident en revendiquant le monopole de la civilisation, et qui aura surtout rĂ©pandu la violence et la prĂ©dation enrobĂ©es dans ses principes avantageux. SupposĂ© qu’il ait jamais flottĂ©, son crĂ©dit moral est dĂ©sormais envoyĂ© par le fond lui aussi. Il faut l’arrogance des dominants bientĂŽt dĂ©chus mais qui ne le savent pas encore pour croire pouvoir soutenir sans dommage ce qu’ils soutiennent actuellement. Des gens qui demeurent ainsi passifs, souvent complices, parfois mĂȘme nĂ©gateurs d’un crime aussi Ă©norme, en train de se commettre sous leurs yeux et sous les yeux de tous, des gens de cette espĂšce ne peuvent plus prĂ©tendre Ă  rien. Le monde entier regarde Gaza mourir, et le monde entier regarde l’Occident regardant Gaza. Et rien ne lui Ă©chappe.


On a immanquablement Ă  ce moment une pensĂ©e pour l’Allemagne, oĂč le soutien inconditionnel atteint un degrĂ© de dĂ©lire tout Ă  fait stupĂ©fiant, jusqu’au point d’ĂȘtre fait « raison d’État », et dont un internaute Ă  l’humour noir a pu dire : « DĂ©cidĂ©ment, en matiĂšre de gĂ©nocide, ils sont toujours du mauvais cĂŽtĂ© de l’Histoire ». Il n’est pas certain que « nous » — la France — valions beaucoup mieux, mais il est certain que l’Histoire attend tout le monde au tournant. L’Histoire, en effet : voilĂ  avec quoi l’Occident a rendez-vous Ă  Gaza. Si, comme il n’est pas interdit de le penser, c’est le rendez-vous de sa dĂ©chĂ©ance et de sa destitution, alors viendra bientĂŽt un temps oĂč nous pourrons nous dire que le monde a basculĂ© Ă  Gaza.


FrĂ©dĂ©ric LordonGoldman Ă  son juge (3). Quitte Ă  la faire parler au-delĂ  d’elle-mĂȘme et de sa situation, on peut voir la rĂ©plique comme une vignette oĂč tout se trouve repliĂ© : aprĂšs la Shoah, IsraĂ«l s’est Ă©tabli dans l’innocence ontologique. Et en effet, les Juifs ont d’abord Ă©tĂ© victimes, victimes mĂȘme Ă  des sommets dans l’histoire de la persĂ©cution humaine. Mais victime, fĂ»t-ce Ă  des sommets, n’entraĂźne pas « innocent pour toujours ». On ne passe de l’un Ă  l’autre que par une infĂ©rence frauduleuse, qu’on peut Ă  la rigueur comprendre, mais certainement pas ratifier.


De tout cela, la bourgeoisie occidentale ne garde que ce qui l’arrange, et voudrait tant, comme IsraĂ«l, pouvoir s’adonner Ă  la domination en toute innocence. Ça lui est Ă©videmment plus difficile, mais le modĂšle est lĂ , sous ses yeux, elle en est hypnotisĂ©e et aussitĂŽt prise dans une solidaritĂ©-rĂ©flexe.


L’effort pour ne pas voir

Les humains ont plusieurs moyens pour ne pas regarder en face leur propre violence et pouvoir s’Ă©tablir dans l’innocence quoiqu’en se livrant Ă  toutes leurs autres passions, notamment Ă  leurs passions violentes, Ă  leurs passions de domination. Le premier consiste Ă  dĂ©grader les autres humains sur qui ces passions s’exercent : ils ne sont pas vĂ©ritablement des humains. Par consĂ©quent le mal qu’on leur fait est, sinon un moindre mal, un mal moindre. En tout cas il n’est certainement pas le Mal, et l’innocence n’est pas entamĂ©e.


Le deuxiĂšme moyen, sans doute le plus puissant et le plus communĂ©ment applicable, est le dĂ©ni. C’est Ă  cela par exemple que ne cesse de servir la catĂ©gorie de « terrorisme ». Elle est une catĂ©gorie faite pour empĂȘcher de penser, pour Ă©carter la pensĂ©e, et notamment la pensĂ©e que ex nihilo nihil : que rien ne sort de rien. Que les Ă©vĂ©nements ne tombent pas du ciel. Qu’il y a une Ă©conomie gĂ©nĂ©rale de la violence, qu’elle fonctionne Ă  la rĂ©ciprocitĂ© nĂ©gative, c’est-Ă -dire la rĂ©ciprocitĂ© pour le pire, et qu’on pourrait en paraphraser le principe selon Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crĂ©e, tout revient. Les innombrables, les ahurissantes violences infligĂ©es au peuple palestinien depuis presque quatre-vingts ans Ă©taient vouĂ©es Ă  revenir. Seuls ceux qui, pour toute opĂ©ration intellectuelle, ne possĂšdent que la condamnation Ă©taient assurĂ©s de ne rien voir venir avant ni de ne rien comprendre aprĂšs. Or il est des cas oĂč ne pas comprendre n’est pas une faiblesse de l’intellect mais un tour de la psychĂ© : son impĂ©ratif catĂ©gorique. Il faut ne pas comprendre pour pouvoir ne pas voir : ne pas voir qu’on a part Ă  la causalitĂ© – par consĂ©quent qu’on n’est pas si innocent.

« Terrorisme » est le bouclier de l’innocence bourgeoise et de l’innocence occidentale

Avoir voulu faire commencer au 7 octobre la sĂ©quence d’aprĂšs le 7 octobre est la malversation intellectuelle la plus vicieuse et la plus caractĂ©ristique de ce type gĂ©nĂ©ral de situation, malversation Ă  laquelle ne pouvaient adhĂ©rer que des innocents ontologiques, et tous ceux qui, les enviant, adorent croire avec eux aux effets sans cause. Il ne faut mĂȘme pas s’Ă©tonner que ceux-lĂ , aprĂšs ça, continuent d’utiliser sans ciller le mot terrorisme pour parler d’Ă©coterroristes ou de terrorisme intellectuel, quand ils devraient se cacher sous terre, Ă©crasĂ©s par une honte sacrilĂšge. Ils ne respectent mĂȘme pas les morts dont ils affectent d’honorer la mĂ©moire et de soutenir la cause. Mais c’est que « terrorisme » est le bouclier de l’innocence bourgeoise et de l’innocence occidentale.


La situation du mot antisĂ©mitisme s’analyse dans des coordonnĂ©es trĂšs similaires. Dans ses usages, il faudrait plutĂŽt dire dans ses dĂ©voiement prĂ©sents — qui Ă©videmment n’en Ă©puisent pas tous les cas, puisque de l’antisĂ©mitisme, il y en a ! —, dans ces dĂ©voiements prĂ©sents, donc, l’accusation est faite pour ĂȘtre tournĂ©e contre tous ceux qui auraient le projet offensant de rĂ©tablir les causalitĂ©s — et voudraient donc mettre en cause l’innocence.


Abaissements

En tout cas, la pourriture par la tĂȘte c’est d’abord ça : la corruption intĂ©ressĂ©e des catĂ©gories et des opĂ©rations de pensĂ©e — parce que ce qu’il y a Ă  protĂ©ger est trop prĂ©cieux. C’est la corruption des catĂ©gories, et c’est par consĂ©quent l’abaissement — en de nombreuses instances on pourrait mĂȘme dire l’avilissement — du dĂ©bat public. Ça n’est pas un hasard que le poisson pourri ait parlĂ© par la bouche d’Attal puisque cet avilissement est l’un des produits les plus typiques du processus de fascisation dans lequel le macronisme, soutenu par la bourgeoisie radicalisĂ©e, a engagĂ© le pays. Un processus qu’on reconnaĂźt Ă  l’empire croissant du mensonge, de la dĂ©formation systĂ©matique des propos, de la dĂ©sinformation ouverte, voire de la fabrication pure et simple. Avec, comme il se doit, la collaboration, au moins au dĂ©but, de tous les mĂ©dias bourgeois. Un processus qu’on reconnaĂźt donc aussi Ă  sa maniĂšre d’arraisonner le dĂ©bat public en lui imposant ses passages obligĂ©s et ses sens interdits.

Tous les dĂ©nis et toutes les compromissions symboliques du monde cependant, toutes les intimidations et toutes les censures, ne pourront rien contre l’Ă©norme surgissement de rĂ©el qui vient de Gaza. De quoi le camp du soutien inconditionnel se rend-il solidaire, et Ă  quel prix, c’est ce que lui-mĂȘme, obnubilĂ© par ses points de rĂ©affirmation, n’est Ă  l’Ă©vidence plus capable de voir. Pour tous les autres qui n’ont pas complĂštement perdu la raison et l’observent, effarĂ©s, la perdition idĂ©ologique oĂč sombre le gouvernement israĂ©lien est sans fond, entre racialisme biologique et eschatologie messianique. Ce que nous savions avant le 7 octobre, et en toute gĂ©nĂ©ralitĂ©, c’est que les projets politiques eschatologiques sont nĂ©cessairement des projets massacreurs. Dont acte.


Comme l’a montrĂ© Ilan PapĂ©, le propre d’une colonisation quand elle est de peuplement, c’est qu’elle enveloppe l’Ă©limination de toute prĂ©sence du peuple occupĂ© — dans le cas du peuple palestinien soit par l’expulsion-dĂ©portation, soit, nous le savons maintenant, par le gĂ©nocide. Ici comme en d’autres occasions pourtant dĂ»ment archivĂ©es par l’Histoire, la dĂ©shumanisation aura de nouveau Ă©tĂ© par excellence le trope justificateur et permissif de la grande Ă©limination — et nous en avons dĂ©sormais d’innombrables attestations, aussi bien dans les bouches officielles israĂ©liennes que dans le flot boueux des tĂ©moignages de rĂ©seaux sociaux, sidĂ©rants de monstruositĂ© heureuse et d’exultation sadique. VoilĂ  ce qui surgit quand le voile de l’innocence est levĂ©, et comme toujours, ça n’est pas beau Ă  voir.


Un point, dans ce paysage d’annihilation, retient l’attention, c’est la destruction des cimetiĂšres. C’est peut-ĂȘtre Ă  cela qu’on reconnait le mieux les projets d’Ă©radication totale : Ă  leur jouissance portĂ©e jusqu’Ă  l’annihilation symbolique qui, si c’est un paradoxe, n’est pas sans faire penser aux termes du herem de Spinoza (4) : « Que son nom soit effacĂ© dans ce monde et Ă  tout jamais ». En l’occurrence, ça n’a pas Ă©tĂ© une rĂ©ussite. Ça ne le sera pas davantage ici.


Bascule

De tous ces Ă©lĂ©ments on peut d’ores et dĂ©jĂ  faire la rĂ©capitulation en faisant voir le tableau qui en Ă©merge. C’est le tableau d’un suicide moral. Jamais sans doute on n’aura vu dilapidation aussi fulgurante d’un capital symbolique qu’on croyait inattaquable, celui qui s’Ă©tait constituĂ© autour du signifiant Juif aprĂšs la Shoah.

« Innocence », auteur inconnu, XIXe siĂšcle. BibliothĂšque du CongrĂšs des États-UnisMais, solidaritĂ© pour le pire oblige, l’heure des comptes symboliques s’apprĂȘte Ă  sonner pour tout le monde, notamment pour cette entitĂ© qui se fait appeler l’Occident en revendiquant le monopole de la civilisation, et qui aura surtout rĂ©pandu la violence et la prĂ©dation enrobĂ©es dans ses principes avantageux. SupposĂ© qu’il ait jamais flottĂ©, son crĂ©dit moral est dĂ©sormais envoyĂ© par le fond lui aussi. Il faut l’arrogance des dominants bientĂŽt dĂ©chus mais qui ne le savent pas encore pour croire pouvoir soutenir sans dommage ce qu’ils soutiennent actuellement. Des gens qui demeurent ainsi passifs, souvent complices, parfois mĂȘme nĂ©gateurs d’un crime aussi Ă©norme, en train de se commettre sous leurs yeux et sous les yeux de tous, des gens de cette espĂšce ne peuvent plus prĂ©tendre Ă  rien. Le monde entier regarde Gaza mourir, et le monde entier regarde l’Occident regardant Gaza. Et rien ne lui Ă©chappe.


On a immanquablement Ă  ce moment une pensĂ©e pour l’Allemagne, oĂč le soutien inconditionnel atteint un degrĂ© de dĂ©lire tout Ă  fait stupĂ©fiant, jusqu’au point d’ĂȘtre fait « raison d’État », et dont un internaute Ă  l’humour noir a pu dire : « DĂ©cidĂ©ment, en matiĂšre de gĂ©nocide, ils sont toujours du mauvais cĂŽtĂ© de l’Histoire ». Il n’est pas certain que « nous » — la France — valions beaucoup mieux, mais il est certain que l’Histoire attend tout le monde au tournant. L’Histoire, en effet : voilĂ  avec quoi l’Occident a rendez-vous Ă  Gaza. Si, comme il n’est pas interdit de le penser, c’est le rendez-vous de sa dĂ©chĂ©ance et de sa destitution, alors viendra bientĂŽt un temps oĂč nous pourrons nous dire que le monde a basculĂ© Ă  Gaza.


Par Frédéric Lordon

Illustration: « Innocence », auteur inconnu, XIXe siĂšcle. BibliothĂšque du CongrĂšs des États-Unis

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(1) Sandra Lucbert, conversation.

(2) Id.

(3) Pierre Goldman, Souvenirs obscurs d’un Juif polonais nĂ© en France, Paris, Seuil, 1975. Également le film de CĂ©dric Kahn, Le procĂšs Goldman (2023).

(4) Son exclusion de la communauté juive.


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