Fernandel, champion du box-office ayant attiré au long de sa carrière plus de 200 millions de spectateurs dans les salles, a marqué à jamais les esprits et le cinéma français, portant des classiques comme La Vache et le prisonnier, L'Auberge rouge, Le Schpountz, Ali Baba et les Quarante Voleurs, La Cuisine au beurre ou encore la série des Don Camillo. 52 ans après son décès, nous rendons hommage à cet acteur emblématique au travers de sa collaboration avec Jean Gabin.
Fernandel, né le 8 mai 1903 à Marseille et décédé le 26 février 1971 à Paris, fut l’une des personnalités françaises phares, qui marqua la génération d’avant et d’après la Seconde Guerre mondiale. Il déploya son talent dans une multitude de domaines : humour, chant, comédie, réalisation... Jean Gabin (1904-1976), issu de la même génération, a lui aussi commencé sa carrière par le chant jusqu’à devenir un grand acteur de l’entre-deux-guerres.
Le parcours similaire de ces deux artistes appelait une collaboration. Malgré leurs fortes différences de tempéraments et dans le choix des films, cette association de deux des monstres sacrés du cinéma français eut bien lieu. En 1963, ils fondent, ensemble, la société de production Gafer, formée avec les premières syllabes de leurs noms de scène Gabin et Fernandel. Fernandel a d’ailleurs plaisanté au sujet du choix du pseudonyme qui ne pouvait se constituer autrement. En effet, si le choix retenu avait été celui du mariage des noms de naissance des deux acteurs (Moncorgé et Contandin), cela aurait donné un nom inexploitable (Moncon). Une fois lancée, la société a produit neuf longs métrages dont cinq avec Jean Gabin et trois avec Fernandel.
Seul le film L’Âge ingrat (1967) réunit les deux vedettes de l’époque en têtes d’affiche. Réalisé par Gilles Grangier, ce long métrage raconte l’histoire de deux fiancés et la relation entre leurs pères respectifs (Fernandel et Gabin) qui est mise à mal. Le tournage du film a eu lieu dans le département du Var, mettant en valeur, dans les paysages et les dialogues, la région chaude et ensoleillée de la Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Les deux acteurs, pères dans la vraie vie, ont pris à cœur ce rôle de pères protecteurs. Le film est présenté en avant-première seulement à Marseille, le 23 décembre 1964, puis le 23 janvier 1965 dans toute la France. Le sud a donc une place dominante dans la production, la diffusion et surtout le cœur de Fernandel, natif de la région. Gabin, au contraire, né à Paris, met à l’honneur le nord en glissant des stéréotypes de la région Normandie avec son temps pluvieux et ses parapluies.
La Gafer a aussi produit notamment Le Voyage du père réalisé par Denys de La Patellière, sorti en 1966, avec Fernandel dans le rôle-titre. L’acteur joue une nouvelle fois un père de famille, prêt à tout pour son enfant tout en menant une quête intérieure personnelle. Humble paysan du Jura, il attend la visite de sa fille aînée qui finalement se décommande. Il décide de partir la chercher avec son fiancé durant un périple rempli de révélations. Dans son rôle dramatique, Fernandel apparaît sobre et efficace. Le film, qui dépasse légèrement les 1 100 000 entrées, est un succès.
Parmi les autres films marquants produits par la Gafer, Heureux qui comme Ulysse, réalisé par Henri Colpi, voit le jour en 1970 avec toujours Fernandel comme acteur principal. Il interprète un ouvrier de ferme, profondément attaché à un cheval, qu’il doit emmener dans une corrida. Mais il en décide autrement, ne pouvant se résoudre à sacrifier l’animal innocent qu’il aime. Il s’agit, une nouvelle fois, d’un cheminement physique, psychique et affectueux en compagnie, cette fois-ci, d’un animal faisant écho à son film La Vache et le prisonnier (1959). Ce long métrage, au parcours visuel riche allant du Vaucluse aux Bouches-du-Rhône, est le dernier de Fernandel en tant qu’acteur.
Fernandel s’étant éteint avant Jean Gabin. Celui-ci lui a rendu hommage durant une interview avec un silence final poignant qui révèle la profonde affection et l’admiration qu’il éprouvait malgré les difficultés du milieu et les différences de caractère. Fernandel était « l’optimiste » du duo et Gabin « le pessimiste » comme ce dernier s’amusait à le dire en interview. Les opposés se sont attirés pour marquer l’histoire du cinéma français.
FILMOGRAPHIE DE LA GAFER
1964 : L'Âge ingrat de Gilles Grangier
1966 : Le Voyage du père de Denys de la Patellière
1968 : L'Homme à la Buick de Gilles Grangier
1968 : Le Pacha de Georges Lautner
1970 : Heureux qui comme Ulysse d’Henri Colpi
1970 : La Horse de Pierre Granier-Deferre
1971 : Le Chat de Pierre Granier-Deferre
1972 : Le Tueur de Denys de la Patellière
1973 : L'Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert
source: CNC, le web