***Voila la #PremierePartie ou vous allez comprendre l'histoire du pouvoir algérien et le clan Oujda
Début 1962 - 26 mai 1962 : Jeu des alliances et les batailles pour le pouvoir à la veille de l'indépendance***
#Boumedienne #Ben_Bella #Bouteflika #Boudiaf #Krim_Belkacem #GPRA #FLN #AitAhmed
Début 1962, en pleine Guerre d'Algérie, les combats continuent entre l'armée française et le FLN, mais également entre ces derniers et l'OAS. L'idée d'une autodétermination de l'Algérie avait été accepté par Charles de Gaulle, mais était rejetée par beaucoup de pieds-noirs, qui créent l'organisation terroriste OAS. Le FLN est en position de force pour entrer dans des pourparlers de paix et concrétiser l'indépendance du pays.
Le FLN est organisé en plusieurs structures, dont le GPRA présidé par Benyoucef Benkhedda, et l'ALN, bras armé du FLN. Cette dernière est composée des six wilayashistoriques plus ou moins autonome les unes des autres, et d'une importante armée aux frontières marocaine et tunisienne gérée par Houari Boumédiène. De son côté Krim Belkacem, seul chef historique du FLN encore libre à ce moment-là occupe une place de choix en étant à la fois vice-président du GPRA et chef militaire de l'ALN (premier chef de la wilaya III). Six membres importants du FLN, dont cinq chefs historiques connus sur le plan international, Ministres d'État au sein du GPRA, sont détenus au Château d'Aunoy : Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider, Ahmed Ben Bella et Rabah Bitat. Enfin, le FLN dispose d'un organisme suprême, le Conseil national de la Révolution algérienne qui rassemble toutes les structures civiles et militaires.
Le 7 mars, s'ouvrent à Évian dans le plus grand secret des pourparlers de paix entre le GPRA (au nom du FLN) et le gouvernement français. Le GPRA est représenté notamment par Krim Belkacem, Saad Dahlab, Redha Malek et Mohamed Seddik Benyahia.
Le colonel Boumédiène qui dispose de l'« armée des frontières » refuse de reconnaître toute légitimité au GPRA et les accords d'Évian, mais n'est pas suffisamment connu dans la société algérienne, et il recherche des appuis politiques auprès des chefs historiques de l'insurrection algérienne toujours emprisonnés en France. Avant la signature du cessez-le-feu, il avait chargé Abdelaziz Bouteflika, l'un de ses hommes de confiance, de se rendre clandestinement en France pour y rencontrer Mohamed Boudiafdétenu en résidence surveillée dans le Château d'Aunoy avec ses collègues Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Ahmed Ben Bella et Rabah Bitat. L’émissaire lui propose un soutien militaire en échange d'un appui politique pour le colonel Boumédiène, mais Boudiaf refuse rudement la proposition. Idem pour Aït Ahmed. L'émissaire Bouteflika s'est retourné vers Ben Bella, qui, depuis longtemps, nourrit le rêve d’être un jour à la tête du futur État indépendant, et il accepte l'offre sans hésitation. Le colonel Boumédiène a désormais récupéré un des « historiques du FLN » qui va se servir de son leadership pour la conquête du pouvoir au moment opportun.
Ben Bella est fortement séduit par l’offre de l’émissaire de Boumédiène et conclut un véritable pacte « faustien » avec le chef du « clan d'Oujda». « Boumediène avait besoin d’un politique et Ben Bella d’un fusil », « N’ayant aucune féodalité militaire sur laquelle s’appuyer comme le triumvirat des ‘3B’ (Lakhdar Bentobal, Abdelhafid Boussoufet Belkacem Krim), il s’est rapidement rendu compte de l’importance du poids du clan d’Oujda pour la prise du pouvoir en Algérie ».
Le 18 mars, les accords d'Évian sont signés par Krim Belkacem et Louis Joxe. L'annonce est faite par les radios françaises déclarant que « la paix est revenue ». Libérés le jour même de la signature des accords d’Évian après cinq ans et demi d’emprisonnement, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Rabah Bitat, Mohammed Boudiaf et Mohammed Khider embarquent à Orly dans la soirée du dimanche 18 mars à destination de Genève-Cointrin où ils atterrissent peu avant minuit. Accompagnés de Mr Laghzaoui, représentant du roi Hassan II, les ex-détenus d’Aulnoy devaient dans un premier temps se rendre directement à Rabat. Mais au dernier moment, ils choisissent de rencontrer en priorité les négociateurs d’Évian à Signal de Bougy. Les retrouvailles à l’hôtel des Horizons bleus ne sont guère chaleureuses. « Les premiers échanges sont significatifs. « La voilà, la sale bande », dit Khider. « Le pouvoir est à vous. Prenez-le » réplique Bentobal. » . Le linge sale commence à être lavé en famille. À l’aube, chacun regagne sa chambre pour un peu de repos.
Le 19 mars, le GPRA proclame le cessez-le-feu. Les combattants des wilayas, qui n'étaient pas au courant des négociations, observent le cessez-le-feu en vertu de la déclaration du GPRA. Les frontières sont rouvertes, et des centaines de milliers de déplacés les franchiront pour rejoindre leurs maisons. Parmi eux se glissent certains éléments infiltrés de l'armée des frontières qui rentreront en civil. Sur la forme, c'est une violation des accords d'Évian, mais l'armée française ferme les yeux. Elle ne protège pas les habitants de toutes confessions qui restent encore fidèles à la France.
L'OAS accélère ses opérations en Algérie en opposition aux accords d'Évian, commet plusieurs crimes contre les militants FLN, organise des attentats dans des lieux publics et applique la politique de la terre brûlée. Les combattants des wilayas se mobilisent contre l'OAS. Toutefois, la lutte est inégale entre les wilayas car l'OAS n'est pas présente sur tout le territoire algérien. Le sentiment de haine monte entre Algériens et Pieds-Noirs. Cela va accélérer le départ des populations européennes et juives , et de l'armée française. Les fermes, entreprises, offices publics, institutions sont désertés par les cadres européens, et des places sont à prendre.
Le 22 mars, le GPRA décide de ne convoquer le CNRA qu'après le référendum d'autodétermination.
Le 25 mars, les chefs historiques du FLN libérés visitent les camps d'Oujda.
Après sa libération, Ben Bella se démarque aussitôt de ses codétenus d'hier. Il n'occupera jamais ses fonctions de Vice-président du GPRA qu'il traite d'« d'océan de saletés. » et il s'en prend directement à Krim Belkacem le signataire des accords d'Évian, qu'il accuse d'avoir bradé l'Algérie et de l'avoir « livrée au néocolonialisme ». Fort de son pacte secret avec le « clan de Oujda », avec à sa tête le colonel Boumédiène, chef État-major généralde l'« armée des frontières », il entraîne Mohamed Khider dans sa démarche. Il continuera ses invectives contre le GPRA depuis l'étranger, lors d'une visite au Caire et à Bagdad entre le 31 mars et le 14 avril. Au Caire, Hocine Aït Ahmed demande l'arbitrage de Gamal Abdel Nasser qu'il sait proche de Ben Bella pour calmer les esprits.
Le 14 avril, les chefs historiques du FLN libérés de prison continuent leur périple international et se dirigent vers Tunis puis à Ghardimaou, où ils sont accueillis par Boumédiène et, en tant qu'officier ALN, Chadli Bendjedid. Boudiaf ne fait pas partie de la délégation, ce qui fut le signe de différends entre les cinq hommes. Ben Bella scandera à la tribune présidentielle « Nous sommes arabes, nous sommes arabes, nous sommes arabes » ce qui agacera Habib Bourguiba qui l'interprète comme une alliance avec Gamal Abdel Nasser.
Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobal, les fameux « trois B », tiennent les rênes du GPRA fort de l'appui des wilayas, à l'exception de la VI du colonel Chaabani qui refuse, voulant affirmer son autorité. Le GPRA avait pour ligne politique le respect des accords d'Évian et Ben Bella ne peut espérer d’allégeance de leur part. Toutefois l'alliance entre les 3B vole vite en éclats, Boussouf ayant secrètement rejoint le nouveau duo Ben Bella-Boumédiène. Krim qui aurait pu avoir un destin présidentiel est lâché par ses frères d'armes, qui auraient juré qu'il ne serait jamais président.
Ben Bella, très influencé par Gamal Abdel Nasser et le nassérisme, se faisait champion de l'islam et du panarabisme, appuyé par Mohamed Khider et Rabah Bitat et ensuite par Ferhat Abbas et Yacef Saadi, chef de la Zone autonome d'Alger. Il réclame la réunion du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) à Tripoli. Aït Ahmed et certaines wilayas y sont opposés car ils estiment que la lutte contre l'OAS est prioritaire.
Un max de partage
source livres d'histoires et Wikipedia
www.elmesmar.fr
#Archive Ahmed Ben Bella (à gauche), qui a conclu un pacte avec le colonel Boumédiène, chef de l'État-major général (Armée des frontières), et membre du « clan d'Oujda » déclarent la guerre contre le GPRA et les wilayas III et IV. |