"Je ne me croyais pas capable de rester si longtemps en apnée. Abasourdi. Désemparé. Ce matin, je me réveille et je me dis quel cauchemar ! Puis je réalise que chaque jour trimballe dans son sillage son lot de souffrances et je pense aux familles des 257 passagers de l'avion militaire algérien qui s'est écrasé hier à Boufarik. Que dire ? toute la rhétorique du monde paraît soudain aussi dérisoire que le soupir qui l'accompagne. Que sont-ce les condoléances sinon un aveu d'impu
issance et de résignation ? Triste jour que ce matin d'hier. J'observe le silence pour communier avec le mutisme des bois où la tragédie s'est accomplie et mon coeur se met à battre très fort pour ces épouses, ces mères, ces fratries et ces proches brutalement endeuillés. Il y avait des connaissances à moi dans cet avion. Des êtres admirables qui vont beaucoup manquer à notre patrie, à nous tous. A toutes celles et à tous ceux qui pleurent leurs chers disparus, toute ma sympathie fraternelle. Inna Li Llah ou inna ilyehi raji3oun."
Texte de Yasmina Khadra et caricatures de Karim
