En décembre 1938, alors que l’Europe vacillait au bord de la guerre, un jeune courtier britannique de 29 ans nommé Nicholas Winton arriva à Prague pour ce qui devait être des vacances au ski. À la place, il découvrit des camps de réfugiés débordants de familles juives, désespérées de faire sortir leurs enfants avant que les nazis ne ferment les frontières. Winton rentra à Londres avec un carnet de noms… et un plan apparemment impossible.
Installé à une table de salle à manger, il se mit à collecter des fonds, trouver des familles d’accueil et faire pression sur le gouvernement britannique pour obtenir des visas. Au cours des neuf mois suivants, Winton organisa des trains — plus tard appelés le Kindertransport tchèque — qui permirent à 669 enfants de rejoindre la sécurité du Royaume-Uni. La plupart de leurs parents périrent dans les camps.
Après la guerre, Winton ne parla presque jamais de ce qu’il avait accompli. Ses documents restèrent dans son grenier pendant des décennies. En 1988, sa femme découvrit les papiers et les remit à un journaliste. Un an plus tard, la BBC invita Winton à une émission télévisée et, sans le prévenir, l’installa dans une salle remplie d’adultes… les enfants qu’il avait sauvés. Lorsque l’animateur demanda qui lui devait la vie, toute l’audience se leva. Winton essuya ses larmes, incrédule.
Nicholas Winton vécut jusqu’à l’âge de 106 ans. Il ne se considérait pas comme un héros, mais sa persévérance discrète sauva des centaines de vies et laissa un héritage de dignité dans une époque marquée par la cruauté.
