Aux États-Unis, le magazine Mad a choqué, mais pas par une caricature ou un dessin satirique particulièrement mordant : Evan Dorkin, un contributeur de longue date du magazine, a révélé que la publication créée en 1952 toucherait à sa fin. Porté par le groupe DC, Mad Magazine profiterait de ses archives pour quelques numéros supplémentaires, avant de mettre fin à l'aventure.
Un an après le lancement d'une nouvelle formule du magazine, en juin 2018, Mad se retrouve dans la tourmente, et au bord de la disparition, selon un collaborateur du magazine. Evan Dorkin a publié, sur Twitter, un « au revoir » ému au magazine, rappelant l'influence que la publication avait eue sur sa propre œuvre, avant qu'il ne travaille pour le titre.
« Recevoir cet email a été poignant », termine Dorkin dans son message. Internet s'est évidemment emparé du sujet, déplorant la disparition d'un titre et saluant la source de nombreux dessins satiriques et osés. A priori, Mad sera toujours publié, mais uniquement sous la forme de rééditions de contenus existants, et sera uniquement disponible dans les boutiques spécialisées, et plus dans les kiosques et autres marchands de journaux.
« Mad se vend toujours plus que certains comics », assure cependant Evan Dorkin, une référence au fait que Mad est une publication du groupe DC Comics, lui-même propriété de la multinationale Warner Bros. « Voir Mad fermer ses portes choque, particulièrement à un moment difficile pour les dessinateurs et pour l'industrie du comics en général », poursuit l'auteur.
Il fait référence à la récente décision du New York Times de cesser la publication de dessins humoristiques et satiriques dans son édition nationale, comme au sein de son édition internationale. Après une polémique déclenchée par une caricature perçue comme antisémite, la direction du journal avait choisi une solution radicale, qui avait ému lecteurs et dessinateur du monde entier.
Autocensure et frilosité ne sont pas loin : comme dans le cas du New York Times, qui a choisi cette option pour satisfaire actionnaires et acheteurs d'espaces publicitaires, Mad aurait pâti « d'avoir accepté des publicités dans ses pages », selon Dorkin.
Pour le moment, le groupe Warner n'a pas officiellement commenté les annonces autour de Mad, mais plusieurs collaborateurs ont confirmé les éléments rapportés par Evan Dorkin.
Disparition de Guillermo Mordillo,
célèbre dessinateur argentin
Créé par l'auteur et dessinateur Harvey Kurtzman en 1952 au sein du groupe EC Comics, avec le soutien de l'éditeur William Gaines, le magazine parodie la pop culture américaine, notamment la production de bandes dessinées de l'époque, puis le monde politique, ou encore les célébrités. L'influence du titre a été très importante, y compris auprès d'auteur français comme René Goscinny, qui partagera une planche à dessin avec Kurtzman.
Par Antoine Oury
Le magazine satirique américain Mad pourrait disparaitre
La Rédaction