Dans l’imaginaire collectif, certains noms dépassent le simple fait divers pour s’ériger en mythes noirs. Celui d’Edward Theodore Gein, né en 1906 dans le Wisconsin, en fait partie. Plus qu’un criminel, il est devenu l’archétype du "boogeyman" américain, inspirant des films cultes comme Psychose, Massacre à la tronçonneuse ou encore Le Silence des Agneaux. Mais qui se cachait réellement derrière ce visage de fermier timide et effacé ?
Une enfance sous le joug d’une mère fanatique
Élevé dans une atmosphère suffocante par une mère ultra-religieuse et castratrice, Ed grandit isolé du monde. Sa mère, Augusta, lui répète inlassablement que les femmes sont des êtres impurs, promis à la damnation. Son père, alcoolique et violent, n’a jamais su s’opposer à elle. Dans ce climat oppressant, Ed développe une dépendance maladive envers sa mère, au point de la vénérer comme une divinité.
La mort de son frère Henry en 1944 – dans des circonstances suspectes où certains soupçonnent Ed d’être impliqué – puis celle de sa mère l’année suivante marquent un tournant. Pour la première fois de sa vie, Ed est seul… et incapable de supporter ce vide.
Le besoin morbide de "ramener les morts à la vie"
Obsédé par l’idée de retrouver sa mère, Ed commence à fréquenter les cimetières de la région. La nuit, il déterre des cadavres de femmes qui lui rappellent Augusta, découpe leurs corps et transforme leur peau en objets domestiques : abat-jours, gants, masques…
Mais la nécrophilie et le vol de cadavres ne suffisent plus. En 1957, Bernice Worden disparaît mystérieusement. Son corps est retrouvé chez Gein, suspendu et mutilé. Trois ans plus tôt, une autre femme, Mary Hogan, avait subi le même sort.
Lorsque la police fouille sa ferme, c’est une véritable maison de l’horreur qu’elle découvre : ossements, têtes conservées, meubles en peau humaine. L’Amérique entière est glacée d’effroi.
Le "boucher de Plainfield" devant la justice
Arrêté, Gein reconnaît les faits, mais son procès prend une tournure particulière. Déclaré fou, il échappe à la prison et passe le reste de sa vie interné en hôpital psychiatrique, diagnostiqué schizophrène.
En réalité, il n’a été officiellement condamné que pour deux meurtres, mais ses aveux de profanations et les découvertes macabres laissent penser à un nombre bien plus grand de victimes.
La fin d’un cauchemar, le début d’une légende
Ed Gein meurt en 1984, à l’âge de 77 ans, dans un hôpital psychiatrique du Wisconsin. Enterré à Plainfield, sa tombe devient vite un lieu de macabre pèlerinage avant d’être vandalisée puis déplacée.
Si l’homme s’est éteint, son ombre hante toujours la culture populaire. Sa vie et ses crimes continuent de nourrir la fiction, brouillant la frontière entre la réalité et le mythe.
Adaptation cinématographique :
- Son histoire a inspiré certains éléments de quelques films :
- Psychose d'Alfred Hitchcock, en 1960, d'après le roman de Robert Bloch[29] ;
- Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, en 1974[30] ;
- Maniac de William Lustig, en 1980, s'inspirant librement de l'histoire d'Ed Gein ;
- Le Silence des agneaux de Jonathan Demme, en 1991[31], inspiré du roman éponyme de Thomas Harris ;
- Deranged, réalisé par Jeff Gillen et Alan Ormsby (en) en 1974 ;
- Ed Gein, le boucher, réalisé par Chuck Parello en 2000 ;
- Ed Gein est un des amis de Pogo dans le court métrage québécois Pogo et ses amis réalisé par François Guay en 2008 ; c'est un film de fiction animé sur le tueur en série John Wayne Gacy ;
- dans American Psycho (2000), le tueur (Patrick Bateman) parle de son adoration pour Ed Gein ; il est également psychopathe, ne pouvant s'empêcher de tuer femmes, sans-abris et homosexuels ;
- Psychose, la reprise du film homonyme d'Hitchcock, par Gus Van Sant ;
- Dragon Rouge, deuxième épisode de la tétralogie Hannibal Lecter, par Brett Ratner ;
- Maniac réalisé par Franck Khalfoun en 2012, remake du film homonyme de 1980 ;
- Skinner (1993), film de Ivan Nagy.
- Hitchcock (2012), film de Sacha Gervasi sur la création du film Psychose, on y suit en parallèle la vie d'Ed Gein interprété par Michael Wincott.